vendredi, décembre 5

Chaque année en France, 20 000 femmes de plus de 70 ans sont diagnostiquées d’un cancer du sein, ce qui représente un tiers des nouveaux cas. Ce chiffre, pourtant glaçant, reflète une réalité méconnue : ces patientes, âgées et souvent fragiles, sont écartées des essais cliniques, l’outil fondamental de la médecine moderne, au moment même où la recherche pourrait leur être le plus utile.

Les critères d’inclusion des essais cliniques, établis pour garantir la robustesse des résultats, deviennent des critères d’exclusion du fait de la présence fréquente de polypathologies, de comorbidités ou d’altérations des fonctions motrices et cognitives. Cette exclusion systématique engendre un problème majeur de santé publique : la non-évaluation des traitements chez les personnes âgées, dont la physiologie est différente des groupes inclus dans les essais, conduit à administrer lesdits traitements à des doses non adaptées.

En outre, elle perpétue une médecine calibrée sur des femmes plus jeunes, en meilleure condition physique, dotées d’un système immunitaire plus réactif et présentant moins de comorbidités. Cette situation n’est pas acceptable : elle multiplie les risques de toxicité sévère ou, inversement, mène à une perte d’efficacité thérapeutique.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Cancers du sein : comment limiter l’escalade thérapeutique

Publiée dans The Lancet début août, l’étude Aster 70s, pilotée par le professeur Etienne Brain – oncologue médical à l’Institut Curie – et promue par Unicancer (groupes Gerico et UCBG), marque une avancée majeure pour la prise en charge des femmes de 70 ans et plus atteintes d’un cancer du sein. Menée sur plus d’un millier de patientes, elle démontre que l’ajout d’une chimiothérapie à une hormonothérapie n’améliore pas la survie globale après un suivi médian de huit ans.

Servir toutes les patientes

Contrairement aux femmes plus jeunes, chez qui l’association des deux traitements est souvent bénéfique pour contrer des tumeurs plus agressives, les données d’Aster 70s révèlent que, passé 70 ans, la balance bénéfices-risques penche vers un surcroît de toxicité sans réel gain de survie. Ces résultats valident donc une approche thérapeutique plus mesurée, adaptée à la fragilité et à la physiologie spécifiques des patientes âgées, tout en préservant leur qualité de vie.

Il vous reste 62.11% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
Exit mobile version