dimanche, décembre 22

« Salut à tous. Je m’appelle Elon Musk. Je suis le ­fondateur de SpaceX. Dans cinq ans, vous êtes morts. » C’était au printemps 2006 à Washington, le jeune trublion de 35 ans, novice dans le spatial, déboulait dans le cercle restreint des acteurs traditionnels réunis en congrès, bien décidé à les bousculer.

Dans son viseur, les Européens avec leur fusée Ariane mais aussi les Russes et leur lanceur Proton. Si sa prédiction ne s’est pas réalisée, dix-huit ans plus tard, le milliardaire dicte sa loi et oblige ses concurrents, et surtout les Européens, à revoir de fond en comble leur organisation, sous peine d’être hors course. Car Elon Musk a non seulement révolutionné les lanceurs avec ses fusées Falcon réutilisables proposées à bas coût, mais il bouleverse toute la chaîne spatiale, des satellites aux opérateurs, avec le déploiement de son réseau d’accès à Internet, Starlink.

La domination est impressionnante. Au 19 décembre, sur les 152 tirs effectués en 2024 par les Américains, la quasi-totalité – 127 – a été réalisée par SpaceX, soit un lancement tous les deux à trois jours, dont plus de la moitié pour mettre en orbite les satellites de sa constellation Internet. En juin, pour la première fois, le cap des 10 000 satellites actifs évoluant autour de la Terre a été franchi. Un nombre en constante augmentation. Sur les 10 496 recensés par la start-up Look Up Space, 6 669 forment aujourd’hui la constellation d’Elon Musk, soit plus de 60 %.

Ouverture à la concurrence

La supériorité est aussi technologique. Le 13 octobre, après un vol d’essai réussi de sa mégafusée Starship, SpaceX a effectué une manœuvre inédite et spectaculaire : rattraper le premier étage du lanceur à l’aide de bras mécaniques géants. Prévue pour aller sur Mars, et vers la Lune, cette fusée peut emporter dix fois plus de charge qu’un lanceur classique. Par ses performances et ses coûts, elle fragilisera un peu plus ses concurrents.

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Face à cette hégémonie, l’Europe fait pâle figure avec trois lancements en 2024, même si les besoins ne sont pas les mêmes qu’aux Etats-Unis. Mais cette année aura été marquée par la réussite du vol de sa nouvelle fusée Ariane 6, le 9 juillet. Un succès suivi, le 5 décembre, par celui du petit lanceur Vega-C. Les Européens ont ainsi retrouvé l’accès à l’espace qu’ils avaient perdu pendant un an en raison du retard pris par le programme Ariane. Or, la souveraineté est la pierre angulaire des programmes spatiaux civils et militaires.

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