Ebrahim Rasool a été chaleureusement par des centaines de personnes à son arrivée au Cap ce dimanche 23 mars après un voyage de plus de 30 ans.
Il avait été déclaré « persona non grata » par le secrétaire d’État Marco Rubio, qui l’accusait de « haïr » le président américain et de « nourrir les tensions raciales ».
« Nous aurions aimé revenir et avoir un accueil comme celui-ci en ayant détourné les mensonges d’un génocide blanc en Afrique du Sud, mais nous n’avons pas réussi en Amérique sur ce point », a-t-il déclaré avec un mégaphone.
Ils sont venus nombreux pour lui souhaiter un bon retour au pays, lui qui n’était « plus le bienvenu » aux États-Unis. Expulsé sans ménagement il y a dix jours par l’administration Trump, l’ancien ambassadeur d’Afrique du Sud Ebrahim Rasool a retrouvé les siens ce dimanche 23 mars. « Nous n’avons pas choisi de rentrer chez nous, mais nous rentrons sans regrets », a-t-il déclaré devant plusieurs centaines de personnes présentes à l’aéroport du Cap après un voyage de plus de 30 heures via Doha, la capitale qatarie.
Cette déclaration est de persona non grata est destinée à vous humilier (…) mais je la porterai comme un insigne de dignité, de nos valeurs et du fait que nous avons fait ce qu’il fallait
Cette déclaration est de persona non grata est destinée à vous humilier (…) mais je la porterai comme un insigne de dignité, de nos valeurs et du fait que nous avons fait ce qu’il fallait
Ebrahim Rasool
« Nous aurions aimé revenir et avoir un accueil comme celui-ci en ayant détourné les mensonges d’un génocide blanc en Afrique du Sud, mais nous n’avons pas réussi en Amérique sur ce point », a-t-il ajouté avec un mégaphone. Cet ancien militant anti-apartheid a défendu ses propos sur Donald Trump, affirmant qu’il analysait un phénomène politique. Il prévient que les Sud-Africains que « l’ancienne façon de faire des affaires avec les États-Unis n’allait pas fonctionner ».
« Ces États-Unis ne sont pas les États-Unis d’Obama ou de Clinton, ce sont des États-Unis différents, et par conséquent notre langage doit changer, non seulement en matière transactionnelle, mais aussi face à un groupe qui a clairement identifié une communauté blanche marginale en Afrique du Sud comme membre de son corps électoral », a-t-il poursuivi.
Ambassador Ebrahim Rasool arrives back in Cape Town to a thronging crowd. LD pic.twitter.com/UFw1y3i40w — EWN Reporter (@ewnreporter) March 23, 2025
Ebrahim Rasool, qui doit remettre un rapport au président sud-africain lundi, Pretoria ne devrait pas essayer de rétablir ses liens avec Washington « sans sacrifier nos valeurs ». Il avait été fait « persona non grata » par le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio qui l’accusait de « nourrir les tensions raciales » et de « haïr » Donald Trump, après avoir estimé que le président américain « mobilisait un suprémacisme contre le pouvoir en place ».
« Cette déclaration est destinée à vous humilier (…) mais je (la) porterai comme un insigne de dignité, de nos valeurs et du fait que nous avons fait ce qu’il fallait », a assuré l’ancien ambassadeur ce dimanche.
Craintes économiques
« Sans précédent », son expulsion avait été qualifiée de « développement regrettable ». L’Afrique du Sud, qui préside actuellement le G20, a déclaré cette semaine qu’elle considérait l’amélioration de ses relations avec les États-Unis comme une « priorité ». « Ils sont notre deuxième partenaire commercial après la Chine », a souligné le président Cyril Ramaphosa. Au niveau économique, l’Afrique du Sud craint notamment d’être exclue des accords AGOA qui donnent accès à certains produits africains au marché américain sans droits de douane, et dont elle est un des principaux bénéficiaires.
La tension entre les deux pays est grandissante depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche il y a trois mois. Le milliardaire a mis en place une procédure d’asile aux États-Unis réservée aux « réfugiés afrikaners », les descendants de colons blancs européens qui sont, selon lui, traités de façon « injuste » par le gouvernement sud-africain. Natif d’Afrique du Sud et bras droit de Donald Trump, Elon Musk a également accusé le gouvernement sud-africain de discrimination envers les populations blanches.
Pretoria a dénoncé une « campagne de désinformation et de propagande ». Quatrième aux élections de l’an passé avec un peu moins de 10% des voix, le parti de gauche radical EFF a accusé Donald Trump d’être le « grand sorcier d’un Ku Klux Klan mondial ». Pretoria et Washington s’écharpent également autour de la plainte pour « génocide » déposée en 2023 par l’Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de Justice de La Haye.