Lors de son dernier lancement, l’étage supérieur de la fusée Starship de SpaceX a explosé en plein vol.
Une partie des débris de l’engin est retombée dans l’océan, mais la majeure partie s’est consumée.
Libérant dans l’atmosphère des composés chimiques.
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Le mois dernier, la fusée Starship de SpaceX a fait pleuvoir des fragments de métal brûlants au-dessus de la mer des Caraïbes. Quelques instants après le décollage, à une altitude d’environ 146 km, l’étage supérieur a fait l’objet d’un « désassemblage rapide non programmé« . Sur les 85 tonnes que pesait l’engin, la majeure partie de la carlingue s’est consumée sous l’effet de la chaleur et des frottements, libérant dans l’atmosphère des composés chimiques. Toutefois, « plusieurs tonnes » de débris sont aussi retombés dans l’océan, a estimé l’astronome américain Jonathan McDowell.
Partant de là, le chercheur britannique Connor Barker, expert en chimie atmosphérique à l’University College de Londres, en a déduit la quantité de gaz et de particules rejetés dans l’atmosphère terrestre au moment de l’accident. Selon ce spécialiste, le retour des débris de la fusée pourrait avoir généré l’équivalent de « 45,5 tonnes d’oxydes métalliques » et « 40 tonnes d’oxydes d’azote« , rapporte le média en ligne space.com (nouvelle fenêtre), qui se fait l’écho d’une publication (nouvelle fenêtre) du chercheur sur son compte LinkedIn. Il est impossible de dire exactement quelle quantité de pollution la mésaventure du Starship a produite dans la haute atmosphère.
Just saw the most insane #spacedebris #meteorshower right now in Turks and Caicos @elonmusk what is it?? pic.twitter.com/a7f4MbEB8Q — Dean Olson (@deankolson87) January 16, 2025
Les scientifiques ne savent même pas quelle part de la masse de la fusée s’est consumée et quelle part est retombée sur Terre. Selon Connor Barker, la quantité de pollution atmosphérique métallique potentiellement produite par l’accident équivaut à celle générée par un tiers des météorites qui se consument chaque année dans l’atmosphère terrestre. Si ce n’est qu’une estimation préliminaire et non un calcul précis, précise le chercheur auprès du média américain, ces chiffres montrent une chose : le coût de développement de la fusée Starship n’est pas uniquement économique, il est aussi environnemental.
Une vingtaine de signatures chimiques détectées
S’il est difficile de mesurer avec précision l’impact environnemental causé par la dernière explosion de la fusée Starship (et les précédentes), l’entreprise spatiale d’Elon Musk, avec sa position hégémonique dans le secteur, est de loin la plus impactante. Falcon 9 et Falcon Heavy, les deux lanceurs opérationnels de SpaceX, se sont arrachées à 138 reprises du sol américain l’an dernier. Soit plus de la moitié de l’ensemble des lancements orbitaux sur toute l’année 2024, rappelle la Cité de l’espace sur son internet.
En 2023, une équipe de recherche italienne avait ainsi annoncé avoir détecté, pour la première fois, des concentrations importantes de métaux lourds dans la stratosphère qui s’étend de 10 à 50 km d’altitude. Au total, une vingtaine de signatures chimiques dans des proportions correspondant à celles qu’on retrouve dans les alliages des fusées et autres satellites, dont des traces de lithium, de cuivre, plomb et d’aluminium. L’occasion de pousser un cri d’alerte face à cette pollution invisible qui n’est sans conséquence.
« Les changements dans l’atmosphère peuvent être difficiles à étudier et complexes à comprendre. Mais cette recherche nous montre que l’impact de l’occupation humaine et des vols spatiaux sur la planète peut être important, peut-être plus important que nous avons imaginé jusqu’à présent« , alertaient les auteurs de l’étude (nouvelle fenêtre), appelant à « un examen plus approfondi » de la pollution générée par les activités spatiales et ses conséquences à plus long terme. Au premier rang des préoccupations, l’oxyde d’aluminium.
Le danger de l’oxyde d’aluminium
Le composé chimique résultant de la combustion de l’alliage de la plupart des engins spatiaux est connu pour détruire l’ozone, et bien que le fameux trou soit en bonne voie pour se résorber (nouvelle fenêtre), des concentrations importantes pourraient retarder le processus en cours, s’inquiètent des scientifiques. D’autant qu’à ces altitudes, les polluants restent dans l’air pendant très longtemps. On sait aussi que l’oxyde d’aluminium modifie le pouvoir réfléchissant de l’atmosphère terrestre, ce qui alimente le principal moteur du changement climatique (nouvelle fenêtre), à savoir l’effet de serre (nouvelle fenêtre).
À l’heure actuelle, plus de 6300 engins en contenant sont en orbite autour de notre planète. Autant d’objets qui, une fois arrivés en fin de vie, retombent vers la surface de la Terre puis se consument dans l’atmosphère, émettant de nombreux composés chimiques. Starship ou pas, la quantité d’oxydes d’aluminium dans les hautes couches de l’atmosphère terrestre va inévitablement continuer de monter en flèche.