Une ressemblance frappante, le même nom de famille : Amandine Le Pen et Léna Maréchal Le Pen, toutes deux se présentant comme les nièces de la cheffe de file des députés du Rassemblement national Marine Le Pen, ont agité TikTok, le week-end du 13 avril. Dans une maîtrise parfaite des codes des réseaux sociaux, enchaînant les publications de vidéos tendances et les poses en sous-vêtements, les deux femmes font la promotion des idées d’extrême droite.
« Tous ceux qui vont voter Jordan Bardella le 9 juin, republiez cette vidéo », peut-on lire sur une vidéo où Léna Maréchal Le Pen apparaît en maillot de bain sur le sable blanc. « Prête à défendre la France », dit-elle dans un autre post, où elle porte une tenue du personnage de Lara Croft, héroïne du jeu vidéo Tomb Raider, faux pistolet doré à la main. Les internautes réagissent par centaines sous les vidéos. Les uns disent adorer Marine Le Pen, les autres la détester. Tous tombent dans le piège de ces faux profils, des « deepfakes », montages vidéo effectués avec l’intelligence artificielle (IA). Les deux comptes, qui comptabilisaient plus d’une centaine de milliers vues, ont été suspendus par l’entreprise chinoise, lundi 15 avril.
Interrogé par l’Agence France-Presse, Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement national pour les élections européennes, a assuré que son parti n’était pas à l’origine de l’initiative. Chez Reconquête !, l’entourage de Marion Maréchal a annoncé qu’il « se réservera le droit de porter plainte » mais qu’il s’agit « d’un épiphénomène qui ne fait pas une campagne ». Pour les proches de la candidate, l’intelligence artificielle ne soulève pas d’inquiétudes : le parti d’extrême droite l’utilise pour créer des visuels grâce au logiciel Midjourney, ou encore pour répondre aux questions des internautes sur le programme d’Eric Zemmour, par le biais de ChatZ, un robot conversationnel.
Un « cadre légal insuffisant »
La majorité présidentielle n’a pas été épargnée par ces canulars. Le 8 avril, une vidéo présentée comme le clip de campagne de la tête de liste Renaissance, Valérie Hayer, était publiée sur Youtube. Elle a été en réalité créée par un compte parodique, ZlavèqueProductions – la description indique « #fake », « #parodie ». Un montage vieillot et une musique dont les paroles ont été générées par ChatGPT ont suffi à faire réagir sur Internet. « Tout le monde la connaît, elle est formidable… Valérie Hayer ne votez pas ailleurs ! », peut-on entendre sur la vidéo. Dans une publication X vue plus de 100 000 fois, un internaute s’est indigné : « Ce n’est pas un troll. C’est un vrai clip de campagne ! Quand on vous dit qu’ils sont hors-sol ! » Depuis, Valérie Hayer a été présentée comme victime de l’intelligence artificielle, mais son entourage a tenu à rappeler que le clip n’a pas entièrement été conçu par un robot – seules les paroles l’ont été.
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