vendredi, juillet 5

La Turquie s’est qualifiée pour les quarts de finale de l’Euro en battant l’Autriche (2-1), mardi, à Leipzig.
Malgré la domination adverse, le défenseur Merih Demiral a donné la victoire aux siens en marquant à deux reprises sur corner.
Toutefois, l’ancien joueur de la Juventus Turin a célébré son deuxième but avec le symbole des « Loups gris », un mouvement ultra-nationaliste interdit en France.

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Euro 2024

Un geste des plus controversés. D’un doublé retentissant – il est le premier défenseur à avoir inscrit un doublé dans un match de phase finale d’une grande compétition internationale depuis Lilian Thuram en 1998 -, Merih Demiral a envoyé la Turquie en quarts de finale de l’Euro, mardi. 

Mais le joueur de 26 ans, parti s’exiler à Al-Ahli, s’est aussi fait remarquer autrement lors de cette victoire contre l’Autriche (2-1) : lors de la célébration de son deuxième but, il a effectué un geste lourd de sens. Comme il l’a lui-même relayé sur son compte X, l’intéressé a alors joint son pouce à son majeur et à son annulaire pour former le profil du loup. Le tout accompagné des propos suivants : « comme il est heureux celui qui se dit Turc ».

Le tweet et la célébration controversés de Merih Demiral. – Capture d’écran X

Il s’agit du signe des « Loups gris », cette organisation fondée à la fin des années 1960 pour soutenir le Milliyetçi hareket partisi (MHP, en français « Parti d’action nationaliste »), formation politique d’extrême droite ultra-nationaliste. Depuis sa création, elle défend des idées résolument pan-turques et de domination sur certains peuples voisins (Arméniens, Kurdes, Grecs…). Par ailleurs, elle défend vigoureusement le négationnisme du génocide arménien (1915-1916). 

Un « mouvement paramilitaire et ultra-nationaliste »

Influents et actifs dans plusieurs pays européens, notamment en Allemagne, les « Loups gris » ont été interdits en France en 2020. Pas déclarés officiellement, comme peut l’être une organisation sous le statut d’association loi 1901, ils ont été dissous dans l’Hexagone en tant que « groupement de fait » par un décret du 4 novembre 2020, après une série d’incidents violents. 

Dans ce document, le gouvernement évoque un « mouvement paramilitaire et ultra-nationaliste » qui « s’identifie au travers de symboles communs, tels que sa dénomination, ses slogans […] ainsi qu’un geste de la main symbolisant le loup, signe de ralliement des sympathisants de l’extrême-droite nationaliste turque ». Il a été impliqué « dans plusieurs actions violentes ayant le caractère de manifestations armées dans la rue », ajoute-t-il, pointant des « éléments particulièrement graves et récurrents visent à inciter à commettre des actes de violence spécifiquement à l’encontre de personnes d’origine arménienne »

L’Uefa doit garantir que chacun, quelle que soit son origine, ne se sente pas menacé dans les stades

Société pour les peuples menacés (GfbV)

Autrement dit, avec tout ce qu’il porte, ce geste de Merih Demiral est en contradiction avec les valeurs de l’Uefa, qui prône une lutte contre toutes les formes de discrimination. Il rentre, par ailleurs, dans le cadre de l’article 16.2(e) de son règlement disciplinaire sanctionnant la « transmission par geste, parole, objet ou par tout autre moyen de tout message provocateur inadapté à un événement sportif, notamment de tout message provocateur de nature politique, idéologique, religieuse ou insultante ». Dans l’immédiat, l’instance ne s’est pas saisie du dossier. 

En attendant l’ouverture d’une éventuelle procédure disciplinaire, la Société pour les peuples menacés (GfbV) a réclamé mercredi à l’Uefa de « prendre une position claire contre l’affichage de symboles d’extrême droite et interdire le salut du loup dans les stades » et de « doit garantir que chacun, quelle que soit son origine, ne se sente pas menacé dans les stades lors des matchs du Championnat d’Europe »

De son côté, le principal intéressé est revenu en conférence de presse sur ses agissements après son deuxième but. « J’avais une célébration spécifique en tête. Cela a à voir avec mon identité turque, parce que je suis très fier d’être turc », affirme-t-il. « Je suis très heureux d’avoir fait ce geste. J’ai vu d’autres supporters le faire aux abords du stade donc je suis très heureux d’avoir célébré ainsi », indique-t-il encore. « J’espère avoir plus d’opportunités de refaire ce signe dans le futur », conclut le joueur. 


Maxence GEVIN

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