samedi, mai 4

L’Italie va de nouveau tenter mardi de rendre justice à l’étudiant Giulio Regeni, tué en 2016 au Caire en ouvrant le deuxième procès par contumace de quatre membres des services de sécurité égyptiens accusés de sa mort.

Ce procès devant la cour d’assises de Rome ne devrait toutefois pas apporter de révélations sur cette affaire, qui a empoisonné les relations entre l’Egypte et l’Italie, étant donné que les quatre hommes jugés (le général Tareq Saber, les colonels Aser Kamal et Hicham Helmi et le commandant Magdi Cherif) seront absents.

Tous sont accusés d’enlèvement tandis que le commandant Cherif est soupçonné d’avoir porté à Giulio Regeni, alors âgé de 28 ans, les coups qui ont provoqué sa mort par insuffisance respiratoire.

Le 25 janvier 2016, cet étudiant en doctorat à l’université de Cambridge avait été enlevé par des inconnus et son corps avait été retrouvé mutilé quelques jours plus tard dans la banlieue de la capitale égyptienne. Il faisait des recherches sur les syndicats, un sujet très sensible en Egypte.

En octobre 2021, un premier procès par contumace à Rome des quatre hommes poursuivis pour enlèvement, tortures et meurtre avait été suspendu sine die dès son ouverture car le tribunal avait constaté l’impossibilité de les poursuivre au motif qu’ils devaient avoir été officiellement informés de la procédure à leur encontre, alors que l’Egypte s’est toujours refusée à fournir leurs coordonnées à la justice italienne.

– « Absolument introuvables » –

La cour constitutionnelle italienne a cassé en septembre cette décision, ouvrant la voie au nouveau procès.

Les quatre accusés « sont absolument introuvables », a confirmé la semaine dernière à l’AFP l’avocat commis d’office du colonel Kamal, Tranquillino Sarno, rappelant que « l’Egypte a toujours démenti que ses services aient enlevé et tué Regeni ».

« Ce qui est sûr, c’est que même s’ils sont reconnus coupables, ils ne vont pas purger leur peine », a ajouté Me Tranquillino.

En décembre 2021, la commission parlementaire spéciale sur la mort de Giulio Regeni avait conclu, à l’issue de deux ans d’investigations, que les services de sécurité égyptiens étaient responsables de sa mort : « La responsabilité de l’enlèvement, de la torture et du meurtre de Giulio Regeni repose directement sur l’appareil sécuritaire de la République arabe d’Egypte et en particulier sur des membres de la Sûreté nationale ».

Selon les enquêteurs italiens, les quatre membres de la Sûreté nationale égyptienne ont « torturé [l’étudiant] pendant des jours en lui infligeant brûlures, coups de pied, coups de poing et en usant d’armes blanches et de bâtons », avant de le tuer.

Une thèse vivement rejetée par Le Caire : en décembre 2020, le parquet égyptien les avait d’ailleurs dédouanés, écartant toute action judiciaire. L’Italie a à plusieurs reprises accusé les autorités égyptiennes de ne pas coopérer, voire d’orienter les enquêteurs italiens vers de fausses pistes.

str-glr/lpa

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