La présidente de la prestigieuse université américaine de Columbia, Nemat Talaat Shafik, dite « Minouche » Shafik, a annoncé, mercredi 14 août, avoir démissionné, près de quatre mois après l’occupation du campus new-yorkais par des manifestants propalestiniens, finalement délogés par la police à sa demande.
« Cela a été une période mouvementée lors de laquelle il a été difficile de dépasser les différences qui existaient dans notre communauté. Cela a lourdement pesé sur ma famille, tout comme cela a été le cas pour d’autres », a écrit Mme Shafik dans un e-mail adressé aux employés et aux étudiants de l’établissement.
L’université située à Manhattan a été secouée ces derniers mois par des manifestations d’étudiants, qui ont culminé avec des scènes où des policiers armés notamment de boucliers anti-émeutes ont pris d’assaut un bâtiment qui avait été occupé par des militants propalestiniens. Des manifestations similaires avaient éclaté sur les campus universitaires de tout le pays.
Auditionnée devant le Congrès
Mme Shafik a fait partie des dirigeants universitaires interrogés devant le Congrès cette année. Elle a été vivement critiquée par les républicains qui l’ont accusée de ne pas faire assez pour lutter contre l’antisémitisme sur son campus.
Cette économiste de 62 ans, à la triple nationalité égyptienne, américaine et britannique, avait été nommée présidente de l’université l’année dernière et était devenue la première femme à occuper ce poste. Elle avait auparavant dirigé la London School of Economics et travaillé à la Banque mondiale, où elle a gravi les échelons jusqu’à devenir la plus jeune vice-présidente de l’institution. Elle a aussi notamment occupé des fonctions au Fonds monétaire international et à la Banque d’Angleterre.
Le conseil d’administration de Columbia a annoncé que Katrina Armstrong, directrice générale du centre médical Irving de l’université, a accepté d’assurer l’intérim de la présidence, alors que les cours doivent reprendre le 3 septembre.
Plusieurs démissions avant elle
D’autres dirigeantes d’universités privées du nord-est des États-Unis ont démissionné ces derniers mois, en grande partie en raison de leur gestion des manifestations sur les campus.
La présidente de l’université de Pennsylvanie, Liz Magill, a démissionné en décembre après moins de deux ans à ce poste, sous la pression des donateurs et suite aux critiques concernant son témoignage lors de son audience au Congrès où elle n’a pas été en mesure de dire, après des questions répétées, que les appels sur le campus au génocide des Juifs violeraient la politique de conduite de l’école.
Et en janvier, la présidente de l’université de Harvard, Claudine Gay, a démissionné après des accusations de plagiat et des critiques concernant, elle aussi, son témoignage devant le Congrès, où elle n’a pas non plus été en mesure de dire sans équivoque que les appels au génocide des Juifs seraient contraires à la politique de l’école.