vendredi, mai 3
Laëtitia Caillaud et son camion à pizzas.

Grosse arnaque à Arnac-la-Poste (Haute-Vienne). Laëtitia Caillaud n’avait qu’un rêve, depuis toute petite : sillonner les routes du nord Limousin et du bas-Berry à bord d’une épicerie ambulante. Transformé en camion à pizzas, son projet a viré au cauchemar. Truffé de malfaçons, son food truck, acheté à une société de revente de véhicules d’occasion installée dans l’Oise, est condamné à l’arrêt dans son jardin.

Experts en assurance, conseillers juridiques, commissaires de justice se succèdent depuis six mois sur le cas de ce bahut dangereux sur la route, mais aussi impuissant à cuire correctement des pizzas – un comble ! Des doutes sérieux sur la réalité du kilométrage affiché par le véhicule ont conduit le tribunal de commerce de Beauvais à réclamer son immobilisation, dans l’attente d’une énième expertise.

La désillusion est grande pour Laëtitia Caillaud, 48 ans, une ancienne comptable engagée dans un processus de reconversion. Son virage professionnel remonte à 2021. Lasse d’éplucher des bilans et des balances d’exploitation au sein d’un cabinet d’expertise-comptable de Guéret, elle décide de quitter son job. La « crise de la quarantaine » a réveillé son désir le plus enfoui : « Apporter un service dans les villages sans commerces en allant à la rencontre des habitants. » Une rupture conventionnelle, un bilan de compétences et une formation au métier de pizzaïolo vont alors la conduire à acquérir un camion aménagé, de marque Mercedes, au prix de 44 800 euros.

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L’absence de bouteille de gaz, le jour de la vente, empêche de faire fonctionner le four. Qu’importe : pareille à « une petite fille devant son jouet », Laëtitia Caillaud s’en revient à Arnac-la-Poste avec l’objet fantasmé. Elle a déjà programmé sa tournée d’emplacements, au croisement de trois départements : le lundi à Chaillac (Indre), le mardi à Saint-Maurice-la-Souterraine (Creuse), le mercredi à Cromac (Haute-Vienne), le jeudi à Naillat (Creuse), le vendredi à La Châtre-Langlin (Indre). Façonnée à la main, sa pâte à pizza déclinera des recettes classiques et originales, à base de magret de canard ou de camembert.

Pizzas cramoisies

Les problèmes vont apparaître dès les premiers jours. Incapable de produire une chaleur homogène, le four s’avère d’un maniement complexe. Les pizzas en ressortent soit cramoisies, soit partiellement cuites. Surtout : six minutes de cuisson étant nécessaires, au lieu de deux, pour arriver à un résultat présentable au client, une perte d’exploitation se creuse petit à petit. D’autres déboires se font jour : l’eau de pluie s’infiltre dans l’habitacle ; l’installation électrique tombe en panne ; le frigo menace de se casser la figure. La partie moteur n’est pas au mieux : le câble de frein lâche ; la sonde de température d’eau perd la boule ; le chauffage dysfonctionne… Comment croire que cet utilitaire datant de 2000, précédemment immatriculé en Pologne, n’affiche que 120 000 kilomètres au compteur ? « Comment a-t-il même pu passer avec succès le contrôle technique ? », s’interroge Laëtitia Caillaud.

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