samedi, mai 18
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez et sa femme Begoña Gomez, au Vatican, le 24 octobre 2020.

Le chef du gouvernement espagnol va-t-il faire mentir le titre de sa propre autobiographie, Manuel de résistance (Editions Peninsula, non traduit), parue en 2019 ? Pedro Sanchez s’est en tous les cas donné cinq jours pour « réfléchir » et « répondre à la question de savoir si cela vaut la peine » de « continuer à la tête du gouvernement, ou [s’il lui faut] renoncer à cet honneur ». Lundi 29 avril, le dirigeant socialiste communiquera sa décision, a-t-il précisé dans une « lettre aux citoyens », publiée sur ses réseaux sociaux mercredi 24 avril au soir, à la surprise générale.

Dans la matinée, la justice avait annoncé l’ouverture d’une enquête préliminaire contre son épouse, Begoña Gomez, pour trafic d’influence et corruption en entreprise, après une plainte déposée par l’association d’extrême droite Manos limpias (Mains propres). « Je suis conscient qu’ils portent plainte contre Begoña non pas parce qu’elle a fait quelque chose d’illégal, – ils savent qu’il n’y a pas d’affaire –, mais parce qu’elle est mon épouse, a réagi M. Sanchez sur X. La droite et l’ultradroite ont dépassé les limites du respect à la vie de famille d’un président du gouvernement » en essayant de « déshumaniser et délégitimer l’adversaire politique par le biais de plaintes aussi scandaleuses que fausses ».

Experte en levée de fonds, Mme Gomez a poursuivi son activité professionnelle après l’arrivée de son époux au pouvoir, en 2018. Dans La plainte de Manos Limpias, qui reprend les informations publiées par le site El Confidencial, il lui est notamment reproché d’avoir signé une lettre de recommandation à un chef d’entreprise qui sollicitait des subventions publiques, ou encore d’avoir rencontré, à l’été 2020, le président du groupe Globalia, Javier Hidalgo, pour discuter de possibles partenariats, alors qu’elle dirigeait une fondation, l’IE Africa center. Or le chef d’entreprise négociait alors un plan de sauvetage avec le gouvernement pour sa compagnie aérienne, Air Europa, mise à mal par la pandémie ; ces tractations se sont soldées par un prêt de 475 millions d’euros.

Les attaques se multiplient

Dans un climat politique de plus en plus crispé et polarisé, marqué par plusieurs affaires de corruption présumée, les deux principaux partis politiques multiplient les attaques depuis plusieurs mois. Depuis février, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) est ainsi confronté à l’affaire Koldo, du nom du bras droit de l’ancien ministre des infrastructures José Luis Abalos. Profitant de ses entrées dans les administrations publiques gouvernées par les socialistes, cet ancien vigile aurait joué les intermédiaires dans la vente de masques, qui plus est défectueux, durant la pandémie, moyennant d’importantes commissions.

Il vous reste 49.73% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version