lundi, mai 20

La petite île italienne d’Alicudi, au large de la Sicile, est envahie par des centaines de chèvres.
Un problème auquel le maire a décidé de faire face en proposant d’adopter certains des herbivores.
Depuis, il croule sous les demandes d’adoption.

La situation a failli rendre chèvre Riccardo Gullo. Maire d’Alicudi, une petite île italienne de l’archipel des Îles Éoliennes, au nord de la Sicile, il est confronté depuis plusieurs décennies à une surpopulation de chèvres sauvages. Il faut dire que sur ce rocher de 5 km², ces herbivores seraient six fois plus nombreux que les humains. Une présence qui commence à endommager la végétation et cause des dégâts aux habitations. Pour résoudre ce problème, hors de question toutefois d’abattre les bêtes qui ont longtemps fait partie du charme des lieux. L’édile de la petite ile volcanique a donc lancé, le 4 avril dernier, une campagne d’adoption pour trouver de nouveaux pâturages à ces animaux. Une initiative au succès aussi rapide qu’inattendu.

1900 demandes reçues pour 600 chèvres

À l’origine, l’initiative sobrement intitulée « Adoptez une chèvre » était destinée aux éleveurs des îles voisines potentiellement désireux d’augmenter leur cheptel à moindre coût. Sauf que la campagne, publiée sur les réseaux sociaux, s’est répandue bien au-delà des seuls amateurs de ricotta. Si bien que d’après le Guardian, le maire d’Alicudi a reçu des milliers de demandes, venant des quatre coins du monde. Au-delà de l’Italie ou de l’Europe, il affirme que sa proposition a intéressé des Américains, et même un amoureux des animaux au Nigeria.

Riccardo Gullo doit maintenant faire face à deux défis. D’abord, organiser une sélection. Avec des demandes trois fois plus nombreuses que les animaux, la municipalité doit « refuser la majorité des offres », comme l’a regretté l’élu. « Nous avons reçu un total de 1900 demandes alors que l’île compte environ 600 chèvres ». A priori, ces animaux sauvages restés en liberté pendant près de 20 ans ne seront en tout cas pas donné à ceux désireux d’en faire un animal de compagnie original. « Elles ne seront données qu’à des agriculteurs, des personnes qui savent comment les élever et qui peuvent leur donner l’environnement dont elles ont besoin », a prévenu Giovanni Dell’Acqua, le directeur du développement rural à Messine pour le conseil régional de Sicile. Lui souhaite même restreindre le déplacement des bêtes dans la région du sud de l’Italie afin « de limiter le stress que le transport fera subir aux animaux ».

Le petit port d’Alicudi d’où partiront les 600 chèvres sauvages vers la Sicile – Getty Images/iStockphoto

Après ce tri, un deuxième défi attend les autorités : trouver par quel moyen capturer les animaux et les transporter hors de l’île volcanique. Une tâche qui n’a rien d’anodin, quand on sait qu’un spécimen peut peser jusqu’à 120 kg et possède de larges cornes allant jusqu’à 50 cm. Dès le 11 mai, une équipe d’experts en faune sauvage se rendra donc sur la petite ile afin d’élaborer un plan. La stratégie consistera soit à enfermer les chèvres dans des filets, soit à les attirer vers des enclos avec de la nourriture, avant de les descendre à travers les rochers jusqu’au petit port d’Alicudi. « Ce ne sera pas facile, mais nous allons agir rapidement et efficacement », a promis Giovanni Dell’Acqua. Objectif : renvoyer le plus grand nombre de chèvres vers la Sicile, où elles seront soumises à deux mois de quarantaine, avant le début de la saison touristique. L’opération reprendra ensuite à partir de septembre. L’occasion pour les touristes de voir ces animaux, une dernière fois, se cacher dans les roches de l’île sicilienne.


F.S.

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