Mauvais alignement de planètes pour Vivendi, mercredi 8 mars, journée marquée par des résultats annuels décevants et un camouflet européen. La direction du groupe a en effet annoncé une lourde perte nette de 1 milliard d’euros, en raison d’un ajustement à la baisse des actions de l’opérateur Telecom Italia.
Malgré ce revers, le président du directoire, Arnaud de Puyfontaine, a insisté : « Nous avons maintenant une totale liberté pour défendre la juste valorisation » de Telecom Italia, dont Vivendi est le premier actionnaire, avec 24 % du capital. Il estime les offres de rachat d’actifs de cet opérateur – proposés par la Caisse des dépôts italienne ou le fonds d’investissement américain KKR – bien en dessous de leur valeur.
Le chiffre d’affaires de Vivendi, en hausse de 10 % à 9,6 milliards d’euros, a été pourtant porté en 2022 par les performances d’Havas (communication, publicité), de Gameloft (jeux vidéo) et de Canal+, qui a franchi le cap des 25 millions d’abonnés dans le monde. Par ailleurs, Vincent Bolloré, qui contrôle Vivendi avec 29,5 % du capital, proposera en avril que son fils aîné, Sébastien, siège, à l’instar de ses deux frères Cyrille et Yannick, au conseil de surveillance. Ses trois fils installés, l’homme d’affaires breton quittera le conseil.
Mais c’est une autre sérieuse déconvenue qui a surtout assombri la journée de mercredi. Vivendi, qui s’était résolu fin juillet 2022 à céder Editis, numéro deux français de l’édition, devra revoir sa copie s’il espère le feu vert des autorités européennes de la concurrence pour son offre publique d’achat sur Lagardère (propriétaire d’Hachette Livre, le troisième éditeur mondial, d’Europe 1, du JDD et de Paris Match).
« Entrave significative » à la concurrence
Dans la communication de ses griefs, la Commission européenne avait rejeté mardi le schéma financier proposé, à savoir une vente partielle de sa filiale d’édition Editis, estimant, à titre préliminaire, que cette opération « [n’était] pas compatible avec le marché intérieur ». Bruxelles avait auparavant lancé, fin novembre 2022, une « enquête approfondie » sur ce projet, redoutant une réduction de la concurrence dans l’édition et la presse magazine.
Au sein de ce document confidentiel de 345 pages, dévoilé mercredi par La Lettre A, Margrethe Vestager, la commissaire à la concurrence, affirme, dans ses conclusions qui pourront encore évoluer d’ici à la date butoir du 23 mai, que l’OPA de Vivendi sur Lagardère « entrave de manière significative » la concurrence.
Il vous reste 58.62% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.