Trois viticulteurs du Bordelais se préparent à l’arrachage de leurs vignes : « Si on veut bien faire, il faut faire moins »

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La région de l’Entre-deux-Mers, en Gironde, est la plus touchée du vignoble bordelais par la surproduction de rouges comme de blancs, devenus difficiles à vendre. Trois vignerons racontent leurs difficultés à commercialiser leurs bouteilles, et comment ils se sont résolus à l’arrachage d’une partie de leurs vignes, dans le cadre d’un plan à la fois national et régional.

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Sébastien Léglise, à Castelviel : « Quand j’ai perdu un gros client chinois… »

Sébastien Léglise, 48 ans, se tient devant son vignoble, Falgueyret-Léglise, situé à Castelviel : 50 hectares s’élancent à perte de vue dans ce coin de l’Entre-deux-Mers, qui donneront de multiples cuvées en bordeaux et bordeaux supérieur. En 2008, plein d’espoir, il reprend l’exploitation de la famille de son épouse. Quinze ans plus tard, il vient de déposer une demande d’arrachage pour 35 hectares, ce qui correspond au volume moyen de jus qu’il n’arrive plus à écouler chaque année. Avant 2019, il vendait jusqu’à 600 000 bouteilles par an. Aujourd’hui, il peine à en écouler 200 000. A la place, peut-être fera-t-il des céréales.

Sébastien Léglise, viticulteur à Castelviel, au domaine Falgueyret-Léglise, dans l’Entre-deux-Mers, le 8 août 2023.

« Les ennuis ont commencé en 2019, avec la perte d’un très gros client chinois, raconte Sébastien Léglise. Après le Covid-19, nous avons eu une baisse des demandes venant d’Asie, et le marché n’a jamais repris. » Et puis, il n’arrive plus à soutenir la guerre des prix. « Nos concurrents proposent des bouteilles à 1,50 euro quand, moi, je dois vendre à 3 euros pour être rentable », déplore le vigneron. Comment faire sans baisser les prix ? « En repensant notre façon de travailler, en sortant du cadre, afin d’attirer les clients. »

Dans leur chai, Sébastien Léglise et sa femme ont aménagé un espace cosy avec des canapés, pour recevoir le public lors de dégustations. Ils ont fait appel, aussi, à un graphiste pour revisiter leurs étiquettes. Le viticulteur ajoute : « Bordeaux est un océan de vins, mais est-ce que la marque répond à la demande de la clientèle actuelle ? » Il regrette que le vignoble soit déformé par l’image omniprésente mais vieillissante des grands crus vendus très cher. « Bordeaux, ce n’est pas que ça. »

En réduisant la taille de son vignoble, Sébastien Léglise compte se consacrer davantage à la vente en direct, à la propriété. Il souhaite monter en gamme, communiquer, développer l’œnotourisme, créer des événements… Et, pourquoi pas, créer un gîte. « Si on veut bien faire, il faut faire moins. Mais je suis à la moitié de mon crédit, ce ne sera pas simple pour le rembourser. Il faut que je trouve des ressources… »

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