L’objectif principal de cette mesure est de dissuader les visiteurs à la journée. Le conseil municipal de Venise a validé, mardi 12 septembre, une taxe de 5 euros qui visera à partir de 2024 les touristes ne venant qu’un jour dans la cité des Doges, victime du tourisme de masse.
En 2024, cette taxe payable en ligne ne concernera qu’un maximum de trente journées durant lesquelles le nombre de touristes est traditionnellement plus élevé, notamment les week-ends avec des ponts au printemps et durant la période estivale. Le calendrier des jours concernés sera publié ultérieurement. Seront exemptés de cette taxe les moins de 14 ans et les touristes passant au moins une nuit sur place.
« C’est un premier pas (…). Nous faisons une expérimentation », a affirmé le maire de droite Luigi Brugnaro dans un communiqué, promettant que le « système sera simple à utiliser ».
Patrimoine mondial en péril
Cette mesure intervient alors que l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) a recommandé fin juillet de placer la Sérénissime sur la liste du Patrimoine mondial en péril, jugeant que l’Italie a jusqu’ici pris des mesures « insuffisantes » pour lutter contre la détérioration du site.
« La poursuite du développement [de Venise], les impacts du changement climatique et le tourisme de masse menacent de causer des changements irréversibles à la valeur universelle exceptionnelle du bien », avait fustigé l’Unesco. L’élévation du niveau de la mer et autres « phénomènes météorologiques extrêmes » liés au réchauffement climatique « menacent l’intégrité » du site, avait aussi mis en garde l’Unesco.
L’avis de l’Unesco est pour l’instant indicatif : pour que Venise intègre effectivement cette liste, il faut l’aval des Etats membres présents à une réunion du Comité du patrimoine mondial qui se tient actuellement à Ryad.
Le timing du vote de cette taxe est donc on ne peut plus opportun pour Venise, qui reporte depuis des années la prise de mesures drastiques, en particulier la mise en place d’une réservation obligatoire et le contingentement du nombre d’entrées dans la ville pour endiguer le déferlement de millions de touristes dans son centre historique saturé.
« Hâte » subite
L’opposition municipale n’a pas manqué de souligner la « hâte » subite entourant cette mesure afin de « montrer à l’Unesco que nous faisons quelque chose ». « Une taxe de 5 euros n’empêchera personne de venir à Venise », a jugé le conseiller Gianfranco Bettin.
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L’Unesco avait aussi stigmatisé « l’absence de vision stratégique commune globale » et la « faible efficacité et coordination » des autorités locales et nationales italiennes. « Cette inscription entraînera un plus grand engagement et une plus grande mobilisation des acteurs locaux, nationaux et internationaux », avait-elle espéré.
Ce site exceptionnel, qui a intégré le Patrimoine mondial de l’Unesco en 1987, est l’une des villes les plus visitées au monde. En pic de fréquentation, 100 000 touristes y dorment, en plus de dizaines de milliers de visiteurs journaliers – à comparer aux quelque 50 000 habitants du centre-ville, qui ne cesse de se dépeupler.
Outre le tourisme de masse, Venise et sa lagune souffrent des grandes marées qui inondent régulièrement la place Saint-Marc et fragilisent les fondations de ses édifices.