Sur la scène du Théâtre Dejazet, un spectacle pour soutenir une plume du « Canard enchaîné »

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« Je vous demande de condamner la direction du Canard enchaîné à une publication sur TikTok avec inscription au casier judiciaire jusqu’à ce que démission s’ensuive. » Pour une fois qu’il entrait dans la peau d’un procureur, dimanche 14 mai en fin d’après-midi, l’avocat Jérôme Karsenti ne s’est pas privé du plaisir de plaider pour de faux.

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Sur la scène d’un vrai théâtre, le Dejazet, juste à côté de la place de la République, à Paris, c’est un drôle de spectacle présenté par Julien Cazarre (ancien d’« Action discrète », sur Canal+) qui a été donné, fait de bric et de broc, de lectures et de sketchs, de militantisme et d’amitié, « en soutien à Christophe Nobili et à l’esprit du Canard enchaîné ». Une extravagance de plus dans l’histoire rocambolesque de la découverte, puis de la révélation par le journaliste, façon pavé dans la mare, de la probable rémunération sans contrepartie d’un travail, un quart de siècle durant, de la compagne du dessinateur André Escaro.

Avait-on déjà vu un salarié de la presse se placer sous le statut de lanceur d’alerte pour dénoncer les agissements de sa direction, porter plainte contre X pour abus de biens sociaux, se trouver sous le coup d’une procédure de licenciement et recevoir sur scène le soutien de la sociétaire honoraire de la Comédie-Française Catherine Hiegel, du Prix Goncourt 2020 Hervé Le Tellier, d’un autre Prix Goncourt, 2018 celui-ci, Nicolas Mathieu, ou encore, à distance, des comédiens Ariane Ascaride et Robert Guédiguian ?

« On veut de l’information libre et indépendante »

« Je ne savais pas comment faire pour soutenir Christophe Nobili », explique, sans donner son nom, Marie-Thérèse, venue, comme quelque 250 autres personnes, passer la fin de son dimanche dans le théâtre orné de dessins du caricaturiste Honoré Daumier. Désormais ex-lectrice du Canard, cette ancienne secrétaire de direction âgée de 70 ans s’est décidée, après avoir entendu parler de la soirée sur France Inter.

« C’est un peu comme pour “C’est encore nous” [l’émission présentée par Charline Vanhoenacker, sur France Inter], qui mêle humour et politique, observe sa voisine de travée, une fonctionnaire de 53 ans. On veut de l’information libre et indépendante. Alors, venir ici, ça a du sens. » Ces propos ressemblent peu ou prou au message porté par d’autres lecteurs déçus, dont le comédien Raymond Vinciguerra s’est fait le relais en lisant de longs extraits de leurs courriers envoyés au journal, avant que soient projetés des dessins (en couleurs) de Pancho, Wozniak, Kerleroux, Kiro, Mougey ou encore Urbs.

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