Six mois après Camaïeu, Gap risque la liquidation

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Gap France est, à son tour, placé en redressement judiciaire. Le tribunal de commerce de Grenoble a constaté la cessation de paiements de l’enseigne d’habillement rachetée fin décembre 2022 pour 38 millions d’euros par le groupe Go Sport, filiale d’Hermione People & Brands (HPB), société elle-même détenue par la Financière immobilière bordelaise (FIB), holding de l’homme d’affaires bordelais Michel Ohayon. Les débats, sous la présidence de Valérie Denu, se sont tenus en chambre du conseil – c’est-à-dire à huis clos. Ils se sont déroulés dans une ambiance fort houleuse, mercredi 1er mars.

Car, HPB a d’abord « sollicité un renvoi au motif que Patrick Puy », le PDG du groupe Go Sport, « aurait agi sans instruction du président de HPB ». M. Puy est en fonction depuis début janvier et a été nommé à la tête de Gap France le 21 février, en remplacement de sa présidente, Berengère Hubner, révoquée peu auparavant. L’avocate du pôle distribution de la FIB a, en outre, précisé que la révocation de M. Puy avait été envisagée, bien qu’elle ne soit pas encore effective. Dès lors, HPB souhaitait surseoir. « Pourquoi ? C’est un mystère », s’agace Brayan Brandao, élu CFDT, en déplorant l’inaction de HPB.

Les juges ont cependant estimé que M. Puy était bien le représentant légal de Gap France. Et le parquet a demandé à l’oral de constater la cessation de paiements et d’ouvrir une procédure de redressement judiciaire. Les juges ont suivi cette requête. Car, ont-ils estimé, l’entreprise est dans « une situation financière extrêmement dégradée » et s’expose à un « risque de liquidation judiciaire directe, si rien n’est fait rapidement ».

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« Escroquerie en bande organisée »

De fait, il y a urgence. « Faute de trésorerie, le paiement des salaires [des 365 employés Gap] ne pouvait pas être assuré au-delà de la fin mars », précise un cadre de l’enseigne. D’après le tribunal, la chaîne qui exploite vingt magasins présente un passif exigible de 25,9 millions d’euros. Deux jours avant l’audience, ce passif a été réduit à 5,9 millions par un moratoire obtenu auprès de Gap Inc. La société américaine, qui lui fournit ses collections, lui a accordé un délai pour une créance de 18,6 millions d’euros.

Ce passif a aussi été réduit par « un virement fait par la société MPI pour 1,3 million d’euros qui correspond à des remboursements de remontées de trésorerie faite par [Gap France] à cette société ces dernières semaines, sans que ne soit produite aucune convention de trésorerie », précise le jugement. « D’autres remontées de trésorerie ont été faites sur cette société [MPI] pour 4,59 millions d’euros », note le tribunal de commerce de Grenoble. Or, MPI, société immatriculée à Bordeaux depuis 2018, est détenue à 99 % par Michel Ohayon. Elle bénéficie de « transferts de chiffre d’affaires des magasins quotidiennement », indique une source proche du dossier. Cette société ferait aussi partie des entreprises concernées par la procédure menée par les salariés de Camaïeu, enseigne que détenait la FIB jusqu’à sa liquidation judiciaire le 28 septembre 2022. Ces derniers ont obtenu le droit d’accéder à des documents comptables concernant MPI.

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