Shell : « Le climat n’est pas bon pour la transition écologique »

0
14

Il ne faut pas croire que Shell envisage de quitter le Royaume-Uni pour un siège social et une cotation à New York dans le seul but d’être mieux valorisé à Wall Street. S’il semble pour l’heure écarté par ses dirigeants, ce projet révélé par le Financial Times serait aussi un moyen de faire baisser la pression climatique croissante exercée par la justice, les ONG et certains actionnaires, qui a une double conséquence : entraîner une forte décote de la deuxième compagnie pétrolière mondiale (derrière ExxonMobil) par rapport aux Big Oil américains et menacer ses administrateurs.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés A l’image des 19 milliards d’euros de TotalEnergies, des bénéfices record pour les compagnies pétrolières en 2022

Patron depuis le 1er janvier 2023, Wael Sawan en avait discuté avec des dirigeants dès 2021, après une grosse alerte : un tribunal néerlandais avait ordonné au groupe de réduire ses émissions de CO2 de 45 % d’ici à la fin de 2030 par rapport à 2019, le rendant responsable des effets désastreux du réchauffement climatique sur la population.

Ce jugement est historique. De même que la première action en justice, annoncée le 9 février 2023 au Royaume-Uni par l’association caritative et environnementale ClientEarth, actionnaire de Shell, qui veut faire condamner les membres du board, accusés de ne pas intégrer assez le risque climatique.

Croisade

Ce n’est donc plus seulement la société, mais aussi ses administrateurs qui sont sommés d’en faire davantage pour réduire les gaz à effet de serre. Shell fait le premier l’expérience de cette évolution du droit de plus en plus soutenue par des actionnaires inquiets pour la planète autant que pour la valeur de leurs actions.

Le géant anglo-néerlandais et ses dirigeants seraient-ils à l’abri outre-Atlantique ? Pas sûr. Mais le lobby pétrolier et les climatosceptiques y sont plus puissants. Et les républicains mènent depuis des mois une croisade contre les entreprises intégrant des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance accusées de wokisme et d’atteinte à la liberté des affaires.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés « Malgré les engagements des majors, le vieux monde tarde à mourir dans l’industrie du pétrole »

Le climat n’est pas bon pour la transition écologique. La guerre en Ukraine a poussé la sécurité d’approvisionnement au premier plan et relégué les engagements climatiques de certaines majors occidentales, surtout anglo-saxonnes, qui reviennent sur leur engagement de réduire la production d’or noir. Les profits des sept plus grandes ont doublé en 2022, pour atteindre 215 milliards d’euros, ce qui ne les incite pas à s’engager plus avant. Le bilan climatique de l’année n’aura pourtant pas été brillant : les rejets de CO2 liés à l’énergie ont progressé de 0,9 %, une croissance jugée « insoutenable » par l’Agence internationale de l’énergie.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici