« Peut-être que le Royaume-Uni ne va pas si mal, après tout. » En titrant leur note, vendredi 1er septembre, les économistes du groupe de services financiers Nomura n’ont pas caché leur énorme surprise. L’Office national des statistiques (ONS), l’équivalent britannique de l’Insee, a revu de façon très significative la croissance du pays pour l’année 2021, et dans une moindre mesure pour 2020. D’un coup, le Royaume-Uni, qui semblait à la traîne des autres pays occidentaux depuis la pandémie, ne paraît pas être au fond du trou.
En 2021, année exceptionnelle de rebond en sortie de pandémie, la croissance aurait finalement été de 8,7 %, soit 1,1 point de plus qu’annoncé initialement. Une telle révision est sans précédent. Si tous les instituts statistiques continuent à revoir leurs chiffres des années après les premières estimations, les changements dépassent rarement 0,1 ou 0,2 point. L’un dans l’autre, en comptant également une contraction légèrement moins forte pour 2020, les nouvelles mesures changent profondément l’analyse de l’économie britannique : au quatrième trimestre 2021, son produit intérieur brut (PIB) était 0,6 % au-dessus de son niveau d’avant la pandémie, contre une estimation précédente qui le situait 1,2 % au-dessous.
Le gouvernement britannique jubile. « Le narratif décliniste à propos du Royaume-Uni et de ses perspectives de long terme est tout simplement faux », estime Jeremy Hunt, le chancelier de l’Echiquier. Soudain, la comparaison internationale n’est plus aussi négative pour le Royaume-Uni. Jusqu’à présent, le pays paraissait être celui du G7 qui avait le moins bien rebondi après la pandémie. Les effets du Brexit étaient souvent utilisés pour expliquer le phénomène.
« Incroyable »
Les nouveaux calculs remettent en question cette hypothèse. Au deuxième trimestre (à la condition que les estimations pour 2022 et 2023 ne soient pas elles-mêmes profondément changé !), l’économie britannique était finalement 1,5 % au-dessus de son niveau prépandémique, mieux que l’Allemagne (0 %), presque au même niveau que la France (1,6 %) et au-dessous de l’Italie (2,1 %), du Japon et du Canada (3,5 % chacun) ou des Etats-Unis (6,1 %). « Le Royaume-Uni n’est plus à la traîne du G7 et pas si loin de la moyenne », conclut Ruth Gregory, du cabinet Capital Economics.
Simon French, économiste en chef de la banque d’investissement Panmure Gordon, juge « incroyable » la révision des données : « Tous les titres qui annonçaient que “le Royaume-Uni n’est pas revenu à son niveau prépandémie” sont désormais obsolètes. »
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