Il faut accélérer les dépenses nécessaires à la transition climatique, a appelé, mercredi 6 septembre, la Banque centrale européenne (BCE). Selon l’institution monétaire, il en va non seulement de la maîtrise de l’environnement, pour espérer limiter le réchauffement de la planète, mais aussi de l’économie. La BCE a publié ses deuxièmes « stress tests » climatiques, après une première mouture en 2021, et elle arrive à des conclusions similaires : si investir dès maintenant dans la transition est cher, attendre finira par coûter encore plus.
« Procrastiner est peut-être plus facile et moins cher aujourd’hui, mais cela signifie payer un prix plus élevé demain : les dommages sur notre environnement et nos économies venant des températures plus élevées seraient (alors) plus importants », note son vice-président, Luis de Guindos. Les stress tests n’en concluent pas moins que dans tous les scénarios, même les plus optimistes, l’économie va souffrir de l’impact climatique, les entreprises vont perdre en profitabilité et les banques vont essuyer plus de pertes.
La BCE a travaillé sur trois scénarios portant sur la période 2023 à 2030. Le premier, qui permettrait de tenir les engagements visant à limiter le réchauffement à 1,5 degré, est une « transition accélérée » par rapport aux dépenses actuelles, avec des investissements qui doubleraient d’ici à trois ans, s’élevant à un total de 3200 milliards d’euros (un peu plus d’un an de PIB français) d’ici à 2030.
Impact sur les ménages
Le second, dénommé « effort tardif », envisage une certaine immobilité des politiques climatiques jusqu’en 2026 puis une brutale accélération, menant au même total d’investissements, simplement moins répartis dans le temps. Le troisième est une « transition repoussée », où les Etats ne tiennent pas leurs promesses de réduction des gaz à effet de serre, allant sur une trajectoire de 2,6 degrés de réchauffement.
Ce dernier scénario comprend tout de même 2500 milliards d’euros d’investissements, puisque même dans cette hypothèse, d’importantes dépenses en énergies renouvelables, électrification de l’économie et autres isolations de logement sont réalisées.
Le rapport ne publie pas un chiffre définitif facilement comparable (par exemple un coût en parts du PIB) entre les trois scénarios. Mais, secteur par secteur, il donne un bon aperçu de l’ampleur du choc à venir.
Pour la première fois, il calcule notamment l’impact sur les ménages. Dans tous les cas, leurs factures de gaz et d’électricité devraient augmenter. Dans le scénario « accéléré », avec de très importants investissements dans les énergies renouvelables (un quadruplement des capacités est prévu !), elles devraient augmenter de 10 % d’ici à 2025 (toutes choses étant égales par ailleurs). Mais ensuite, elles se stabiliseraient : faire fonctionner des énergies renouvelables n’est pas cher, et de meilleures isolations permettraient de réduire la consommation d’énergie.
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