Projet pétrolier Willow en Alaska : le revirement de Joe Biden, sous pression juridique et politique

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« Plus de forages pétroliers sur les terres fédérales. Point. Point. Point. C’est un désastre de faire cela dans l’Arctique, un grand désastre » : ainsi s’exprimait Joe Biden, évoquant la fonte des glaciers et le destin des caribous, en février 2020. L’actuel président battait campagne dans le New Hampshire pour l’investiture démocrate à la présidentielle. Mais le président n’est pas le candidat, et l’administration Biden a approuvé, lundi 13 mars, en catimini, le lancement d’un gigantesque projet pétrolier sous le cercle polaire, dans la National Petroleum Reserve, porté par le géant texan ConocoPhillips. Sept milliards de dollars d’investissements, pour extraire à terme 180 000 barils de pétrole par jour, soit l’équivalent de 40 % de la production de pétrole actuelle de l’Alaska.

L’administration Biden, gênée par cette affaire, a annoncé toute une série de mesures pour empêcher le forage offshore sur les côtes de l’océan Arctique, sur 12 000 km2 dans la mer de Beaufort. Elle a réduit de cinq à trois les forages que pourra faire ConocoPhillips, tandis que cette dernière a été contrainte de rendre 230 km2 de terres qu’elle avait en concession pour préserver la faune, notamment le caribou. Plus de la moitié de la réserve nationale pétrolière, une immense zone riche en hydrocarbures recensée dès les années 1920 et vaste comme trois fois la Belgique, sera sanctuarisée. « Tout cela n’est que de l’habillage », a déploré auprès du New York Times Ben Jealous, président du Sierra Club, une organisation environnementale, qui évoque « une rupture de confiance majeure ».

En effet, le précédent est considérable. Il s’agit du plus grand projet pétrolier en Alaska, alors que le gisement de Prudhoe Bay, découvert en 1968, s’épuise, au point que l’opérateur BP a passé la main au petit producteur texan Hilcorp. Il redonne vie au pipeline transalaska, qui transportait sur près de 1 300 kilomètres, à Valdez, sur la côte Pacifique, plus de 2,1 millions de barils à son apogée, en 1988, mais n’en achemine plus désormais que 480 000. Il montre que les terres vierges de l’Alaska ne sont pas fermées à l’exploitation pétrolière.

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« Nous avons des besoins ! »

Depuis des années, pourtant, les pétroliers se désengageaient, boudant même les enchères d’exploitation, en raison de l’opprobre public frappant toute exploitation du sous-sol de l’Alaska, de l’enclavement très coûteux du territoire et des hydrocarbures bon marché qui abondent au Texas. Pourquoi un tel changement de pied ? D’abord, l’administration Biden n’avait guère le choix. Fondamentalement, les terres fédérales ont vocation à être exploitées et la Maison Blanche n’a pas, selon les tribunaux, le droit de mettre son veto à toute exploitation.

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