Argent, nom masculin (latin : argentum). La définition du dictionnaire Larousse ne pourrait être plus vraie : l’argent reste un sujet hautement genré.
D’après une étude de la banque en ligne britannique Starling Bank, 90 % des articles parlant d’argent aux femmes expliquent comment faire des économies et des bonnes affaires pendant les soldes. « A l’inverse, 70 % de ceux destinés aux hommes mettent l’accent sur le rendement et l’investissement, relate Morgane Dion, cofondatrice du média féministe Plan Cash. Cela commence à changer, mais la route est encore longue pour permettre aux femmes de se projeter dans des postures d’investisseuses et pas seulement de gestionnaires du quotidien. »
Car il y a urgence. Les femmes gagnaient 14,8 % de moins que les hommes en 2020 en équivalent temps plein, d’après l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Et cela ne s’arrange pas à la retraite : en 2019, la pension moyenne des femmes s’élevait à 1 145 euros contre 1 924 euros pour celle des hommes, toujours d’après l’Insee. Les inégalités femmes-hommes sont d’ailleurs au cœur des débats sur la réforme des retraites soutenue par le gouvernement.
Pourquoi les hommes sont-ils plus riches que les femmes ? La question aux allures de provocation est posée par la militante féministe Titiou Lecoq en sous-titre de son livre Le Couple et l’argent (L’Iconoclaste, 2022). Cela commence par l’argent de poche, pour lequel les sœurs sont moins bien loties que leurs frères. Elles reçoivent ainsi 7,50 euros de moins par mois, soit un écart de 90 euros par an, d’après l’étude réalisée sur 150 000 utilisateurs de la carte pour ados (10-18 ans) Pixpay, en janvier 2023.
Opter pour un taux individualisé
Et l’inégalité se poursuit tout au long de la vie, dans la famille comme dans la vie professionnelle. « Dans les couples, les femmes paient la nourriture, tandis que l’argent des hommes sert à payer ce qui permet de se constituer un patrimoine, constate Titiou Lecoq. En cas de séparation, la femme se retrouve avec des pots de yaourts vides et l’homme garde la voiture, car c’est lui qui l’a financée. »
Même le fisc participe aux inégalités en appliquant par défaut le même taux marginal d’imposition sur le revenu aux deux membres d’un couple. « Cela revient à pénaliser celui qui gagne le moins, la femme dans l’immense majorité des cas, en lui appliquant un taux supérieur à celui qu’elle aurait eu si elle était seule », décrypte Titiou Lecoq.
Le bon réflexe pour rétablir l’équité consiste à demander au fisc d’appliquer un taux individualisé plutôt que commun à chacun des époux. Mais encore faut-il savoir que cette possibilité existe. La première ministre, Elisabeth Borne, a d’ailleurs annoncé le 6 mars que le taux individualisé serait appliqué par défaut en 2025.
Il vous reste 59.05% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.