Piégée par la hausse des taux, la Silicon Valley Bank au bord du gouffre

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Début de panique bancaire aux Etats-Unis : à court de liquidités, l’entreprise spécialisée dans le financement du capital-risque en Californie, la Silicon Valley Bank (SVB), a dû en catastrophe liquider une partie de son portefeuille de bons du Trésor américain et d’obligations pour 21 milliards de dollars (19,8 milliards d’euros), encaisser une perte de 1,8 milliard de dollars et lancer une augmentation de capital pour se renflouer à hauteur de 2,25 milliards de dollars.

L’annonce en a été faite mercredi 8 mars dans la soirée et l’action de la société, qui finance la moitié de Silicon Valley, s’est effondrée en Bourse le lendemain de 60 %. Elle perdait 20 % supplémentaires dans les échanges informels après la clôture des marchés, jeudi.

La contagion a gagné les autres banques de Wall Street : jeudi, les quatre premiers établissements américains – JP Morgan, Bank of America, Wells Fargo, Citi – ont perdu ensemble 52 milliards de dollars de capitalisation, tandis que l’index des banques KBW a reculé de 7 %, sa plus forte baisse depuis juin 2020 en pleine crise du Covid-19.

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Que s’est-il passé ? Tout remonte à l’époque de la crise sanitaire et de la politique de taux zéro de la Réserve fédérale (Fed, banque centrale des Etats-Unis). Les start-up américaines lèvent alors des capitaux en masse, à une période où l’argent coule à flots, et elles les déposent dans leur banque, la Silicon Valley Bank dont les actifs doublent en 2021. Celle-ci, logiquement, les réinvestit dans des actifs en théorie sans risque – des bons du Trésor des Etats-Unis ou émis par des institutions publiques américaines qui ne rapportent quasiment rien en cette période d’argent gratuit.

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C’est négliger le risque lié aux taux : depuis mars 2022, la Fed a remonté les siens brutalement – ils sont désormais supérieurs à 4,5 %. Logiquement, la valeur de marché des bons du Trésor détenus par la banque a baissé – quand les taux montent, les opérateurs achètent de nouveaux titres plus rémunérateurs et vendent ceux qui ne rapportaient quasiment rien. Ce n’est pas très grave si la banque peut détenir ses bons jusqu’à échéance et se faire rembourser, mais la Silicon Valley Bank n’a pas cette latitude : de nombreuses start-up, incapables de lever des capitaux en période d’argent cher et de disette financière, en sont réduites à brûler le cash qu’elles détiennent à la banque et lui demandent leur argent.

L’infortunée Silicon Valley Bank, de crainte d’avoir une crise de liquidités, a vendu brutalement son portefeuille de bons du Trésor avec une perte de 8,5 % (1,8 milliard de dollars sur 21 milliards), ce qui est considérable pour des produits de taux. Il lui reste encore un portefeuille d’obligations de 91 milliards de dollars qu’elle a prévu de conserver jusqu’à leur échéance et dont la valeur de marché actuelle n’est que de 76 milliards.

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