Matières premières : « Avec l’inflation, les gens préfèrent manger des chips ou des cacahuètes plutôt que des noix de cajou »

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Quoi de mieux pour ponctuer un apéro qu’une noix en forme de virgule. Entre pistaches et cacahuètes, la noix de cajou a fait son trou. Grillée et salée, elle satisfait les palais les plus blasés. Et les véganes en sont fans. Il suffit de hacher menu les noix pour obtenir le lait de cajou et faire un « fauxmage »…

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Très souvent, le fruit sec a longuement bourlingué avant de débarquer dans les rayons des supermarchés. D’Afrique, en Asie, avant de rejoindre les Etats-Unis ou l’Europe. Mais ne dites pas qu’il a voyagé dans une coquille de noix… En effet, l’anacardier s’est enraciné en Côte d’Ivoire.

« Au départ, l’anarcardier était planté pour obtenir un couvert végétal dans les zones de savane et progressivement, c’est devenu une culture rentable. Nous sommes aujourd’hui le premier producteur mondial de fruits de cajou, avec 1, 08 million de tonnes », explique Kobenan Kouassi Adjoumani, ministre ivoirien de l’agriculture.

Culture de rente

« Globalement, il y a eu une montée en puissance de l’Afrique de l’Ouest, avec un volume de production qui est passé de 1 à 2 millions de tonnes en dix ans », ajoute Pierre Ricau, analyste pour la société de conseil N’Kalô Service. L’anacardier a rejoint le cacaoyer, l’hévéa et le palmier à huile, toutes ces plantations ayant le statut de culture de rente. Pour autant, les agriculteurs ne sont pas devenus des rentiers. Loin s’en faut. Ces produits agricoles, plus que d’autres, sont soumis aux aléas de la spéculation des marchés.

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La poussée de fièvre du prix de l’amande de cajou, avec un pic atteint en juin 2017, à plus de 10 000 dollars (environ 9 438 euros) la tonne, a échauffé les esprits. Chacun souhaitait se faire du beurre avec la noix riche en graisse. Las. La crise du Covid a secoué le cocotier.

« En mars 2020, au début du Covid, le ralentissement des importations des pays occidentaux a suscité un premier effondrement des prix qui sont passés de 7 000 à 5 000 dollars la tonne. Puis, mi-2021, les cours sont remontés à 6 300 dollars la tonne, avec les ruptures d’approvisionnement liés aux problèmes du fret maritime », raconte M. Ricau.

Après ce sursaut, les marchés sont repartis à la baisse. La tonne de fruits de cajou se négocie actuellement à près de 5 300 dollars. L’anacardier se fait canarder. Résultat, l’Etat ivoirien a fixé un prix minimum aux planteurs de 315 francs CFA (0,48 euro) en 2023. A comparer aux 500 francs CFA le kilo payé en 2018. « La consommation a stagné, voire diminué aux Etats-Unis et en Europe. Avec l’inflation, les gens préfèrent manger des chips ou des cacahuètes plutôt que des noix de cajou », explique M. Ricau. Sachant que si l’Inde reste le premier pays croqueur de ce fruit sec, les Etats-Unis et l’Europe complètent désormais le podium.

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