Madagascar : accusée de corruption, l’ex-directrice de cabinet du président Rajoelina plaide « non coupable »

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L’étroite cour numéro 9 du tribunal de Southwark, dans le sud de Londres, n’était pas prévue pour la petite foule qui s’est présentée vendredi 8 septembre. Une bonne vingtaine d’opposants malgaches, la plupart venus de France, ont réussi à se tasser sur les bancs réservés au public, mais d’autres ont été forcés de rester à l’extérieur, faute de place. A deux mois de l’élection présidentielle à Madagascar, prévue les 9 novembre et 20 décembre, ils sont venus assister à l’audience préliminaire de ce qui s’annonce comme un procès explosif.

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Dans le box des accusés, derrière une paroi vitrée, siègent deux personnes qui ont le pouvoir d’éclabousser directement le président Andry Rajoelina, candidat à un second mandat : Romy Voos Andrianarisoa, qui était jusque très récemment sa directrice du cabinet, et Philippe Tabuteau, un consultant français. La justice les accuse d’avoir demandé à une entreprise minière britannique, Gemfields, des pots-de-vin de 250 000 francs suisses (261 000 euros) et 5 % de participation dans une exploitation minière qu’elle voulait développer à Madagascar. Les deux suspects sont actuellement en détention provisoire à Londres.

Se tenant très droite, cheveux courts et tee-shirt blanc à manches longues, Mme Andrianarisoa a annoncé pour sa défense, d’une voix très ferme, qu’elle plaidait « non coupable. » M. Tabuteau, costume sombre et épaules légèrement voûtées, ne s’est pas exprimé. Son avocat a demandé – et obtenu – une semaine supplémentaire et annoncera s’il plaide coupable ou non vendredi 15 septembre.

Demandes de versements en liquide, or ou pierres précieuses

L’arrestation de Mme Andrianarisoa et de M. Tabuteau s’est déroulée dans le cadre d’un flagrant délit à Londres le 10 août. Lors d’une précédente audience judiciaire, la procureure, Rosalind Earis, avait présenté les faits. Selon elle, la Malgache avait établi des premiers contacts avec Gemfields avant la pandémie due au Covid-19. Depuis de nombreuses années, la société britannique cherche à développer des mines sur la Grande Ile. Elle y possède plusieurs concessions, notamment pour des saphirs et des émeraudes, mais qui ne sont pas encore actives. « Nous avions prévu de commencer des explorations préliminaires en 2020 », confirme Gemfields. La pandémie a tout repoussé.

En mars 2023, Mme Andrianarisoa, très proche du chef de l’Etat, reprend langue avec l’entreprise minière. Elle lui explique que M. Tabuteau servira d’intermédiaire pour mener à bien les négociations. Le 29 mars, ce dernier rencontre un représentant de Gemfields, pour un premier rendez-vous. Toujours à en croire l’accusation, il évoque alors des commissions à payer, en échange de services mal définis. Méfiant, Gemfields lui demande de mettre ses demandes par écrit, ce qu’il fait.

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