Michèle Benbunan, directrice générale d’Editis, aurait décidé de trancher en faveur de Lise Boëll, qui deviendrait l’unique patronne de la maison d’édition Plon. Cette filiale d’Editis (Vivendi) est dirigée à la fois par Céline Thoulouze, qui était là depuis novembre 2020, et par Lise Boëll, arrivée un an plus tard. Toutes deux occupent le même poste depuis novembre 2021 et cette direction à deux têtes a, sans surprise, généré une atmosphère particulièrement délétère. Interrogée par Le Monde, la direction d’Editis a refusé de commenter.
Imposée par Arnaud de Puyfontaine, président du directoire de Vivendi, Lise Boëll – qui fut chez Albin Michel l’éditrice d’Eric Zemmour et de Philippe de Villiers – était venue avec deux adjoints, Estelle Cerutti et Mickaël Palvin. L’arrivée de ce trio s’était avérée particulièrement clivante, à la fois pour des raisons politiques – la défense d’auteurs d’extrême droite –, mais aussi de management. Mickaël Palvin, qui avait caché avoir été licencié pour faute grave de chez Albin Michel, a été rapidement remercié.
A la demande du comité social et économique (CSE), une première enquête sur le management de Mme Boëll et ses adjoints avait été confiée au cabinet Nayan, qui n’a pas souhaité s’exprimer. Toutefois, les conclusions rendues aux salariés étaient accablantes. Le rapport parlait de dysfonctionnements, d’une perte de confiance du personnel, d’une direction humiliante et agressive. Une longue plainte contre un management toxique. Au point où il avait été demandé à Lise Boëll et Estelle Cerutti d’être en télétravail pendant la durée de l’enquête. L’hypothèse du départ de Mme Boëll avait alors été évoquée, sans être retenue. Il avait alors été demandé à Céline Thoulouze de ne pas partir diriger une autre filiale d’Editis, Nil, mais bien de rester chez Plon.
Deux équipes concurrentes
Depuis, deux équipes concurrentes travaillent de façon simultanée, chacune avec leurs auteurs. L’équipe de Céline Thoulouze – qui publie les « Dictionnaires amoureux » – est installée dans les bureaux d’Editis, avenue de France, dans le 13e arrondissement de Paris, et celle de Lise Boëll rue d’Assas, dans le 6e arrondissement.
Les résultats confidentiels d’un nouveau diagnostic sur Plon, établi par la société Stimulus, un cabinet d’experts de la santé psychologique au travail, viennent également d’être transmis à la direction d’Editis, mercredi 1er mars.
Le recours à ce cabinet découle d’un nouveau droit d’alerte déclenché par le CSE pour atteintes aux droits de la personne à l’encontre de Lise Boëll et Estelle Cerutti datant du 15 novembre 2022. Chez Plon, les salariés des deux équipes pouvaient demander à être entendus par le cabinet Stimulus. Trente-six salariés auraient témoigné, chaque équipe déversant son venin sur l’autre.
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