Le RN tente un grand écart entre consommateurs et agriculteurs

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Christiane Lambert, juchée sur une table basse, fait taire quelques chahuteurs entamant l’apéritif, et couve du regard la quinzaine de députés qui lui font face, mercredi 1er mars, au Salon international de l’agriculture, à Paris. La présidente de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) a des mots doux plein la bouche : ces derniers temps, les parlementaires ont bien servi le syndicat roi des chambres d’agriculture. Elle félicite nommément quelques députés, de gauche à droite, sourit pour la photo avec des grappes d’élus de tous bords. Grégoire de Fournas, député du Rassemblement national (RN) et viticulteur dans le Médoc, n’approchera pas.

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En janvier, une autre photo a abîmé la relation entre le RN et la FNSEA : celle de Sébastien Chenu, vice-président RN de l’Assemblée nationale, tout sourire avec Michel-Edouard Leclerc, le patron préféré des Français, et détesté des syndicats agricoles, qui lui reprochent d’étrangler la profession. La rencontre intervenait à un moment-clé : l’examen d’une proposition de loi sur les relations entre distributeurs et fournisseurs, un prolongement de la loi dite EGalim 2. Très appuyée par le lobby industriel et l’ensemble des syndicats agricoles, la proposition de loi prolonge le seuil de revente à perte, l’encadrement des promotions et rééquilibre les négociations commerciales entre la grande distribution et les fournisseurs. Tout l’hiver, Michel-Edouard Leclerc a alerté, dans les médias, contre le risque d’inflation qui découlerait du texte. Et cherché des alliés politiques dans l’opposition, rencontrant La France insoumise et le RN. Succès mitigé : les deux groupes se sont abstenus sur la proposition de loi, approuvée par l’ensemble des autres bancs.

Lorsqu’on lui parle d’agriculture, Sébastien Chenu, député du Nord, parle « transmission d’entreprises agricoles, numérique et enjeux internationaux », puis se fait le relais du discours de Michel-Edouard Leclerc : « Aucun distributeur ne pourra supporter des hausses de 10 % sur les produits ! Ce qui m’intéresse, c’est ce qu’il reste comme marge de manœuvre pour les consommateurs. » Il ne se dit « ni allié ni ennemi » du président du comité stratégique des Centres Leclerc.

« Ils se sont fait avoir par Leclerc »

Le cliché Chenu-Leclerc a été « très mal » perçu par le monde agricole, assure Christiane Lambert au Monde. « Ils se sont fait avoir par Leclerc, qui cherchait des alliés à tout prix. » Elle doit rencontrer, vendredi 3 mars, Jordan Bardella, le président du mouvement lepéniste, qui a prévu de passer deux jours au Salon de l’agriculture après que Marine Le Pen, victime d’un accident domestique, a dû renoncer au bain de foule. La FNSEA continue de courtiser le RN avant la future commission mixte paritaire susceptible de limiter l’impact du texte. Le fond de l’air est frais : l’inflation alimentaire redonne du poids à la grande distribution, sollicitée par le gouvernement pour contenir la hausse.

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