Le redressement judiciaire de Valdunes, symbole de la déliquescence de l’ancienne industrie en France

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Le tribunal de commerce de Lille a placé en redressement judiciaire Valdunes, le dernier fabricant français de roues et d’essieux pour le ferroviaire, lundi 20 novembre. Propriété du groupe chinois MA Steel, l’entreprise compte deux sites dans le département du Nord : celui de Leffrinckoucke, à côté de Dunkerque, où les roues sont forgées et celui de Trith-Saint-Léger, dans le Valenciennois, où elles sont traitées thermiquement et usinées.

La dégringolade de Valdunes, un leader européen du secteur à la fin des années 1990, s’est accentuée au fil du temps. Endetté à hauteur de 21 millions d’euros, le groupe aurait, selon Roland Lescure, le ministre délégué chargé de l’industrie, « une trésorerie suffisante pour poursuivre son activité jusqu’en mars 2024 ». Le dossier est suivi de très près à Bercy, où réunions et tables rondes se sont succédé ces derniers mois pour tenter de sortir l’industriel de l’ornière et, surtout, pour lui trouver un repreneur après que MA Steel a renoncé, en mai.

Le projet porté par la CGT de création d’un consortium Alstom-SNCF a certes été regardé mais « la SNCF n’est pas un industriel », observe Roland Lescure « et la vocation d’Alstom n’est pas de devenir un vendeur de roues », ajoute le ministre, qui dit ne pas désespérer de trouver « un [partenaire] avec un business plan qui tienne la route, pas un chasseur de primes ».

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Aujourd’hui, les marques d’intérêt pour une reprise ne concernent pas les deux sites nordistes, dont les activités sont liées. Reprendre l’un sans l’autre est « inimaginable » pour Maxime Savaux, le leader de la CGT de Valdunes. Le syndicaliste craint surtout un rachat par un concurrent européen « qui serait uniquement intéressé par nos carnets de commandes et par nos machines ». Pour lui, MA Steel est « entièrement responsable de la situation. Il n’a pas investi chez nous », un point de vue que tempère Bercy, en rappelant que le géant chinois a tout de même épongé les dettes depuis dix ans (soit 150 millions d’euros) et engagé 30 millions d’euros sur cette décennie. Mais ce n’est rien à côté des investissements faits dans le même temps par les concurrents de Valdunes (20 millions par an, en moyenne).

Bercy et les élus locaux mobilisés

La SNCF, qui achetait dans les 50 000 roues par an chez Valdunes n’en acquiert plus que 30 000, se fournissant ailleurs en Europe – en République tchèque, en Espagne, en Italie et en Allemagne. « Même si [elle] achetait toutes ses roues à Valdunes, ça ne suffirait pas », observe Olivier Rémy, qui conseille Roland Lescure sur les dossiers de restructurations. Pour sauver l’entreprise, « il faudrait monter à une production de 80 000 roues par an et aller chercher des marchés à l’export », précise-t-il. Et aussi investir dans les 65 millions d’euros pour remettre à niveau les deux sites.

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