Le paradoxe du podcast, média en plein essor mais fragile et oublié des politiques publiques

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Le podcast serait-il un ovni dans le monde de la culture ? Il s’impose dans les pratiques des Français, mais reste économiquement fragile. Ses audiences n’ont jamais atteint de tels sommets (37 % des Français en écoutent tous les mois, selon le dernier baromètre CSA publié à la mi-octobre). Les podcasts « natifs » (qui ne sont pas destinés à être d’abord diffusés sur les ondes) engrangent désormais plus de vingt millions d’écoutes chaque mois.

Ce média, qui aborde sans fard des thématiques comme l’inceste, les inégalités entre les hommes et les femmes, la santé mentale ou l’urgence écologique, conquiert de nouveaux profils, comme les femmes et les 50-64 ans. Si les émissions de radio en rattrapage (replay) restent encore largement majoritaires, quatre podcasts natifs ont dépassé le million de téléchargements en septembre.

Arte a joué les pionniers en démarrant très tôt, dès 2002. Mais ces programmes n’ont pris réellement de l’ampleur qu’une quinzaine d’années plus tard, dans le sillage du mouvement #metoo. « Ils s’emparent de sujets de société non abordés ailleurs et questionnent des territoires d’expression qui nous rendent meilleurs », affirme Thibaut de Saint-Maurice, assistant de recherche en philosophie à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne et délégué général du Paris Podcast Festival, qui s’est achevé à la mi-octobre.

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Il ne tarit pas d’éloges sur ce média, qui offre un réel « pluralisme de l’information » et permet « une éducation populaire ». Aux yeux de cet expert, « l’enjeu du podcast est politique (…). La démocratie n’est pas assez forte pour se priver d’un tel outil de nuances, de modération. » Un point de repère dans un monde numérique surchargé d’images ?

Au moment où tout le monde se plaint du lavage de cerveau engendré par les réseaux sociaux, le podcast incarne, selon lui, « le temps long ». Un tiers des Français en écoutent pendant plus de trente minutes, selon l’étude CSA. Pour 88 % des auditeurs, c’est un média dans lequel ils ont vraiment « confiance », loin devant tous ses concurrents. Sans compter que ses adeptes sont capables à 81 % de changer d’avis ou de regard après en avoir écouté.

Aide financière de 5 000 euros au maximum par projet

Pour autant, les difficultés s’amoncellent pour ce secteur naissant. La volte-face de Spotify, après des années fastes au cours desquelles la plate-forme a massivement investi dans ce secteur en signant des contrats faramineux avec des célébrités américaines, se fait lourdement sentir. Le groupe suédois avait annoncé, début juin, le licenciement d’environ 200 salariés dans ses activités de podcast, soit 2 % de ses effectifs mondiaux, après une première coupe de 600 postes en début d’année. Cette manne qui permettait de financer dans l’Hexagone des programmes exclusifs pour Spotify s’est donc également tarie.

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