Les autorités américaines ont pris la décision, vendredi 10 mars, de fermer la Silicon Valley Bank (SVB), en grande difficulté. La banque régionale californienne, devenue l’établissement privilégié des start-up et fonds de capital-investissement du secteur technologique, est dans la tourmente et a fait l’objet de retraits massifs qui menacent sa survie. La cotation du titre avait été suspendue avant l’ouverture de la Bourse. Selon la chaîne CNBC, la banque n’est pas parvenue à réaliser l’augmentation de capital annoncée mercredi et discute avec des grands noms de la place en vue d’une possible reprise.
Les déboires de SVB affectaient d’autres banques de taille moyenne vendredi, en particulier First Republic (− 31,19 %), 14e établissement américain par la taille des actifs. Le profil de la banque inquiète particulièrement car sa clientèle est majoritairement composée de personnes fortunées et d’entreprises, dont les dépôts dépassent les 250 000 dollars garantis par l’agence fédérale de protection des dépôts (FDIC). Egalement malmenées, la banque de Salt Lake City (Utah) Zions Bancorporation (− 6,26 %), Huntington (− 4,80 %), dont le siège se trouve en Ohio, ou Signature Bank (− 18,19 %), qui a des activités en Californie.
« Coup de stress »
La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a assuré suivre « de très près » la situation du secteur bancaire. « Il y a un moment qu’on n’avait pas vu un coup de stress comme ça sur le secteur financier », commentait avant l’annonce de fermeture Edward Moya, du cabinet d’analystes financiers Oanda, pour qui les investisseurs « essaient de jauger l’ampleur » du phénomène, « le sentiment général étant que cela ne va pas déclencher de panique sur les grandes banques ». Plus tôt dans la journée, JPMorgan Chase s’affichait ainsi en hausse de 1,35 %.
Malgré tout, à Wall Street, l’atmosphère générale était à l’aversion au risque, qui bénéficiait aux obligations d’Etat, considérées comme des actifs sûrs. Les prix ont bondi du fait de la forte demande, or les taux obligataires évoluent en sens opposé des prix. En conséquence, le rendement des bons du Trésor américains à dix ans chutait à 3,72 %, contre 3,90 % la veille.
La Bourse de New York évoluait ainsi en baisse vendredi 10 mars peu après l’ouverture, plutôt satisfaite du rapport mensuel sur l’emploi, qui montre des signes de ralentissement du marché du travail, mais gardant un œil inquiet sur le secteur bancaire. Le Dow Jones perdait 0,18 %, l’indice Nasdaq 0,82 % et l’indice S&P 0,49 %.