La France buissonnière : une maman poule au pays des routiers

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Tremblez, messieurs les routiers, les camionneurs à gros bras, les mastards en marcel : trois femmes, sur dix-sept candidats, sont qualifiées pour la finale du Trophée des routiers, qui doit se dérouler jeudi 21 septembre, à Monchy-Saint-Eloi (Oise). Pilotée par des organismes de la protection sociale et de la formation professionnelle du secteur du transport, cette manifestation décerne, chaque année, un titre officieux de « meilleur chauffeur » de poids lourd de France.

Jamais autant de conductrices n’avaient été inscrites à l’épreuve nationale, alors même que la profession peine à se féminiser (seulement 3 % des salariés conduisant des poids lourds sont des femmes, d’après l’Observatoire prospectif des métiers et des qualifications dans les transports et la logistique). La victoire de l’une d’elles serait un symbole fort. « Même si, à titre personnel, je n’ai jamais été l’objet de moqueries dans mon métier. Au contraire, mes collègues masculins m’ont toujours beaucoup aidée », assure Laetitia Guilhermet, 37 ans, salariée du groupe Jacky Perrenot, au sein de l’antenne de Chambéry.

Fin mai, à Jonage (Rhône), cette mère de trois enfants a remporté haut la main la sélection régionale Auvergne-Rhône-Alpes. Trois épreuves figuraient au programme : un questionnaire à choix multiples portant sur la sécurité et l’hygiène ; l’exécution d’une manœuvre sur simulateur ; un parcours en ville en dépensant le moins de carburant possible. Les trois mêmes exercices attendent les postulants à Monchy-Saint-Eloi.

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Laetitia Guilhermet ne s’est pas préparée spécifiquement pour la compétition. La distance de 2 500 à 3 000 kilomètres qu’elle avale chaque semaine, entre la France et l’Italie, au volant d’un 44 tonnes chargé de palettes d’eau minérale, est le meilleur des entraînements. « Je me sens à ma place dans un camion. Pour rien au monde, je ne changerais de métier », confie celle que ses collègues surnomment Lora, en référence à une petite société de transport créée en Ariège par le père de ses deux premiers enfants, Loratrans.

« Les camions représentaient la liberté »

Sa passion pour les gros tonnages remonte à la tendre enfance. « Je devais avoir 5 ou 6 ans, raconte-t-elle. Cela m’est tombé dessus comme d’autres deviennent nonnes car le Seigneur les a appelées. Les camions me faisaient rêver. Ils étaient imposants, majestueux, ils représentaient la liberté. » Personne dans sa famille n’avait jamais conduit de poids lourd avant elle. Son père, cheminot, exigera d’elle qu’elle passe son baccalauréat. Ce sera finalement un brevet d’études professionnelles « conduite et services dans le transport routier ».

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