Dans l’arène médiatique, chacun brandit ses chiffres comme autant de banderilles. Mardi 5 septembre, les industriels de la viande fédérés au sein de Culture viande ont piqué au vif leur auditoire réuni lors de leur colloque annuel parisien. Ils s’alarmaient du recul de la consommation de protéines animales en France. De la viande rouge et rosée plus précisément.
Cette muleta agitée en public a fait voir rouge les éleveurs bovins. « Il faut arrêter avec cette posture. Le marché de la viande bovine est extrêmement dynamique », a réagi le jour même Patrick Bénézit, président de la Fédération nationale bovine. Pour tenter de faire retomber la poussière de cette passe d’armes entre abatteurs et éleveurs désireux de ne pas se laisser abattre, prenons le ministère de l’agriculture à témoin.
Selon les données publiées fin août, la consommation de viande bovine a baissé de 1 % sur les six premiers mois de 2023. Un léger recul certes, mais pas d’effondrement. « Il n’y a pas de déconsommation de la viande bovine. Les Français continuent à en manger mais il y a un changement des habitudes alimentaires. On fait moins souvent la cuisine chez soi et on va plus fréquemment déjeuner ou dîner à l’extérieur », souligne M. Bénézit.
Les importations progressent
Une évolution illustrée d’ailleurs dans le bilan de l’année 2022 présenté par Culture viande. Il estime que la consommation à domicile de bœuf a diminué de 9,8 % en un an, alors même qu’elle progressait globalement de 1 % sur cette période. Il est vrai que si le pot-au-feu et le bourguignon ne sont plus guère de saison, le succès des hamburgers ne se dément pas. Les enseignes de fast-food qui l’ont popularisé grignotent sans fin des parts de marché. Bousculés, les restaurants ont réagi en le glissant systématiquement sur la carte entre l’œuf mayo et le fondant au chocolat. Les cantines ne s’en privent pas. Et le Français, même rentré dans son foyer, se dit qu’il pourrait encore s’en faire livrer… Le bœuf a toujours la cote.
Bien évidemment, l’inflation n’épargne pas le rayon boucherie des supermarchés. Au moment de faire ses courses, le consommateur traque les prix bas. Il chipote sur les labels et privilégie l’offre en libre-service, moins onéreuse à ses yeux, quitte à parfois négliger l’origine du produit. « Aujourd’hui, un quart du bœuf consommé en France est importé », précise M. Bénézit.
Ces importations progressent. D’autant que, sur le territoire français, les troupeaux perdent des têtes, année après année. Le cheptel a diminué de 10 % en six ans, soit 515 000 vaches allaitantes et 348 000 vaches laitières en moins. Une attrition liée à la baisse continue du nombre d’éleveurs. Va-t-elle encore s’accélérer au rythme des départs en retraite ?
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