Le maire de La Clusaz (Haute-Savoie) a annoncé un « moratoire » sur la construction controversée d’une retenue collinaire sur le plateau de Beauregard, pour des raisons de sécurité juridique, dans un entretien au Dauphiné libéré, mardi 5 septembre. Ce projet vise à alimenter la station de ski, notamment en neige artificielle
« Je ne peux pas engager un tel risque tant que la justice ne sera pas arrivée à son terme », a déclaré le maire, Didier Thévenet, au quotidien régional. « Et nous ne parlons pas uniquement de la légalité de la suspension de l’autorisation environnementale par le juge des référés, mais bien d’un jugement définitif sur le projet », qui peut prendre « plusieurs années », d’autant que « la jurisprudence sur la notion d’utilité publique majeure évolue sans cesse », explique l’élu, précisant que le moratoire a été décidé en conseil municipal le 17 août.
En octobre 2022, un arrêté préfectoral autorisant le lancement de travaux pour la construction de cette retenue nécessitant de creuser 148 000 mètres cubes (m3) dans la montagne pour un coût de 10 millions d’euros avait été suspendu par le tribunal administratif de Grenoble au nom de la protection de l’environnement. Cette décision avait été saluée par les associations et militants opposés au projet, qui occupaient le site.
Deux tiers de l’eau retenue destinés à la neige artificielle
Le maire assurait alors que la majorité des Clusiens étaient favorables à la retenue, ce qu’avait relevé le rapport de la commission d’enquête. Il déplorait que les opposants en aient fait un « totem contre le ski ». Car sur les 148 000 m3 prévus, un tiers doit être consacré à l’eau potable, et le reste à la production de neige artificielle.
Dans l’entretien au Dauphiné, il répète que La Clusaz, situé « dans un massif karstique [où prédominent des roches sédimentaires sensibles à la dissolution, principalement calcaires] qui ne retient pas l’eau » a « réellement besoin d’eau ». Il affirme également croire « encore à [l’]avenir » du ski et regrette d’avoir « été le symbole et le centre du “ski-bashing” dans cette affaire ». C’est pourquoi, assure-t-il, « nous ne lâchons rien » et « nous allons muscler notre projet, dans le respect de la justice et de la loi ».