« La Banque centrale européenne pourrait accompagner la hausse des taux d’un taux spécial pour le financement des investissements favorables à l’environnement »

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La Banque centrale européenne (BCE) a continué, en juillet, d’augmenter ses taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation ; la plus rapide hausse de son histoire en un an. Les débats que soulève cette décision ne se limitent plus aujourd’hui au risque de récession économique.

Comme dans beaucoup d’autres domaines, la prise en compte des enjeux environnementaux bouleverse notre manière de concevoir la politique monétaire. Même si les banques centrales évoquent de plus en plus l’impératif écologique, elles n’ont pas encore totalement pris la mesure des nouveaux dilemmes liés à la préservation de l’environnement. Il est en particulier nécessaire que la hausse des taux d’intérêt ne compromette pas aujourd’hui des investissements meilleurs pour l’écologie, qui de surcroît limiteront la dépendance de nos économies à des chocs inflationnistes futurs.

Double problème

La hausse des taux d’intérêt pourrait, en effet, freiner des investissements nécessaires à la transition écologique, dans les énergies renouvelables par exemple. Une banque centrale qui souhaite préserver la stabilité des prix ne peut en ignorer les conséquences sur l’inflation. Si le prix du carbone augmente et qu’il y a eu insuffisamment d’investissements dans les transports, l’industrie ou l’agriculture pour permettre une production moins intensive en carbone, les prix à la consommation augmenteront également.

Pour les pays les plus polluants et émetteurs de carbone, le problème est double : sous-investir aujourd’hui dans certains secteurs, y compris pour accompagner l’arrêt d’activités polluantes, peut aggraver la crise environnementale et augmenter la fréquence d’événements inflationnistes (pensons, par exemple, à l’impact de la sécheresse et des incendies sur l’agriculture).

La BCE, notamment par la voix d’Isabel Schnabel (« Monetary Policy Tightening and the Green Transition », Stockholm, 10 janvier 2023), a évoqué ce nouveau dilemme de politique économique, en reconnaissant que les problèmes climatiques et la nécessaire hausse du prix des énergies fossiles sont une source potentielle d’inflation. Elle reste toutefois prisonnière de l’idée selon laquelle la politique monétaire ne peut aider l’investissement écologique que si elle est expansionniste, c’est-à-dire que les taux d’intérêt baissent et que la Banque centrale achète des titres financiers.

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Pourtant, la Banque centrale pourrait rendre sa politique plus écologique si elle accompagnait la hausse des taux d’intérêt d’un taux spécial – stable ou moins élevé – pour les crédits finançant des investissements plus favorables à la préservation de l’environnement. La Banque centrale pourrait ainsi permettre aux banques privées d’emprunter auprès d’elle à un taux d’intérêt plus faible si elles financent la transition énergétique.

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