La Banque centrale européenne annonce une nouvelle hausse de ses taux de 0,5 point malgré les secousses dans le secteur bancaire

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La Banque centrale européenne (BCE) ne s’est pas laissée effaroucher par le spectre d’une nouvelle crise bancaire et a tranché jeudi 16 mars pour un nouveau relèvement des taux d’un demi-point afin de combattre l’inflation. « Le secteur bancaire de la zone euro est résilient et dispose de positions de capital et de liquidités solides », assure-t-elle. Les gardiens de l’euro sont toutefois prudents pour la suite du resserrement monétaire et ont renoncé à leur engagement de relever encore « sensiblement » les taux dans les mois à venir.

Après la déroute aux Etats-Unis de la Silicon Valley Bank (SVB), les inquiétudes autour de Credit Suisse auraient pu rebattre totalement les cartes pour l’institution de Francfort engagée depuis cet été dans un tour de vis monétaire sans précédent. La BCE est la première grande banque centrale à rendre une décision monétaire depuis la faillite de la SVB et de deux autres banques régionales américaines, qui ont ravivé le spectre de la crise financière de 2008.

Mercredi, c’est le groupe bancaire helvétique Credit Suisse qui a essuyé la pire séance de son histoire en Bourse après un mouvement de panique lié aux déclarations de son premier actionnaire, la Banque nationale saoudienne. L’action avait atteint son cours historiquement le plus bas, à 1,55 CHF. Mise au défi de lutter contre l’inflation persistante sans déstabiliser davantage les marchés financiers, la BCE a tenu sa réunion de politique monétaire dans un contexte qu’elle n’avait pas imaginé. Ses taux d’intérêt se situent désormais dans une fourchette comprise entre 3 % et 3,75 %, niveau le plus haut depuis octobre 2008.

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Crédibilité

« La BCE maintient le cap (…) car tout sursaut aurait été interprété comme une faiblesse », analyse Jens-Oliver Niklasch, de la Landesbank Baden-Württemberg (LBBW).

Les autorités et dirigeants de part et d’autre de l’Atlantique ont fait assaut de déclarations minimisant le risque de contagion pour le reste du secteur bancaire et de l’économie. Les superviseurs américains avaient apaisé les investisseurs en promettant de garantir l’accès des clients à leur argent déposé à la banque californienne. Les marchés européens ont aussi repris des couleurs jeudi matin après l’annonce de Credit Suisse qu’il allait faire appel à la Banque centrale suisse pour emprunter jusqu’à 50 milliards de francs suisses (50,7 milliards d’euros).

Alors qu’un relèvement de 50 points de base, le troisième d’affilée de cette ampleur, était quasi acquis, puisque la BCE l’avait elle-même annoncé le mois dernier, le scénario d’une hausse d’un quart de point n’était plus exclu par les marchés. « La prudence voudrait que l’on fasse une pause [dans le resserrement monétaire] et que l’on reprenne les hausses plus tard, mais la BCE pourrait juger que sa crédibilité en matière de lutte contre l’inflation, déjà mise à mal, ne peut pas se le permettre », insistaient les analystes d’ING avant la réunion.

Débat animé

Face à l’envolée des prix après l’offensive russe en Ukraine, la BCE a entamé en juillet un cycle inédit de hausses des taux, après une décennie d’argent pas cher. Ce resserrement monétaire à marche forcée, effectué par toutes les grandes banques centrales pour renchérir le coût du crédit et ralentir la surchauffe des prix, a aussi contribué à fragiliser les banques commerciales.

De quoi ranimer le débat chez les banquiers centraux de la zone euro, entre « colombes », prêchant la prudence, et « faucons », qui veulent maintenir le cap du durcissement monétaire et plaideront qu’il n’y a pas de risque de contagion vers l’économie. Car la bataille contre la hausse des prix est loin d’être terminée. L’inflation dans la zone euro a reculé en février pour le quatrième mois d’affilée, à 8,5 % en glissement annuel, mais l’inflation dite « sous-jacente », hors énergie et alimentation, a grimpé au niveau record de 5,6 %.

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La BCE n’a toutefois pas donné jeudi d’orientations sur sa politique de taux dans les prochains mois, renonçant à son engagement de relever encore « sensiblement » ses taux dans les mois à venir. « Nous avons encore du chemin à parcourir (…) notre détermination est intacte », a toutefois déclaré Christine Lagarde, présidente de la BCE, évoquant l’objectif d’une inflation à 2 % à moyen terme.

Dans ses nouvelles prévisions publiées jeudi, la BCE estime que la zone euro devrait connaître une inflation moins élevée et une croissance plus forte que prévu en 2023, sur fond d’accalmie des prix de l’énergie et de « meilleure résistance de l’économie ». Elle devrait atteindre 5,3 % en 2023, contre 6,3 % prévus à la fin de décembre, puis 2,9 % en 2024 et 2,1 % en 2025. La zone euro devrait connaître une croissance de son PIB de 1 % cette année, contre 0,5 % prévu auparavant, avant 1,6 % en 2024 et 2025.

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Le Monde

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