Jean Bergougnoux, ancien patron d’EDF passionné par les projets d’infrastructures et par la chose publique, est mort

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Il avait passé la plus grande partie de sa vie professionnelle chez EDF, jusqu’à en assurer la direction générale, entre 1987 et 1994, puis a fait un passage mouvementé et éphémère à la présidence de la SNCF (1994-1995). Jean Bergougnoux est mort, le 3 septembre, à l’âge de 83 ans, sans que son goût pour le monde de l’énergie, et plus largement pour les grands projets d’infrastructures, les innovations technologiques et la chose publique, se soit émoussé avec le temps.

Le parcours, classique, est celui d’un dirigeant au profil plus économique qu’industriel. Ancien élève de l’Ecole polytechnique puis de l’Ecole nationale de la statistique et de l’administration économique, il commence sa carrière à l’Insee et la poursuit au ministère de l’industrie, avant d’entrer, en 1970, à EDF.

Comme son « maître » Marcel Boiteux, patron historique de l’entreprise, mort quelques jours après lui, le 6 septembre, à l’âge de 101 ans, il dirige d’abord le service des études économiques, puis la stratégie de l’entreprise. Il prend la direction générale d’EDF en 1987, au moment où la Commission européenne s’active sur la libéralisation du marché de l’électricité.

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Conscient que le monopole public va être plongé dans le grand bain de la concurrence et que les groupes d’électricité seront à la fois concurrents et interconnectés sur le marché à travers leurs lignes à haute tension, il crée à Bruxelles, en 1989, l’association Eurelectric, dont il est le premier président. Elle doit défendre les intérêts des grandes utilities de l’électricité, les grandes entreprises publiques, et s’investir dans la décarbonation des centrales. Cet objectif, M. Bergougnoux le poursuivra avec la création, en 2011, de l’association Equilibre des énergies.

Un rien « vieille France » avec son éternel nœud papillon, l’homme avait bien tenu à EDF, formant, au début de son mandat, un tandem soudé et complémentaire avec le président, Pierre Delaporte. Mais, en mai 1994, après vingt-quatre ans chez EDF, le patron bascule à la direction de la SNCF, appelé par le gouvernement Balladur. M. Bergougnoux aura le temps de mettre en service l’Eurostar, qui relie alors Paris à Londres en trois heures, et de créer un billet commun SNCF-RATP en Ile-de-France. Prudent, il juge « irréalisable » un service minimum déjà en débat. « EDF a fait cadeau à la SNCF de son plus bel ordinateur », ironise-t-on dans la maison qu’il va quitter. Injuste ? La CFDT regrette ce dirigeant massif au faux air du ténor Pavarotti. Pas la puissante CGT.

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