Les républicains l’ont baptisé « capitalisme woke », et certains démocrates n’en pensent pas moins. Par 50 voix contre 46, le Sénat américain a voté, mercredi 1er mars, en faveur de la suppression d’une réglementation du ministère fédéral du travail autorisant les gestionnaires de fonds de pension individuels, les fameux 401 (k), à prendre en compte dans leurs investissements les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).
Dans un Sénat où les républicains ne disposent que de 48 sièges sur 100, ils ont bénéficié de quelques abstentions et de deux défections démocrates : celle de Joe Manchin, sénateur de Virginie-Occidentale, qui avait fait lanterner Joe Biden pendant des mois en bloquant jusqu’à l’été 2022 son plan d’investissements rebaptisé Inflation Reduction Act. Il affrontera en 2024 une réélection difficile dans cet Etat charbonnier et conservateur. Il a été rejoint par le sénateur du Montana Jon Tester, qui se trouve à peu près dans la même situation.
Dans ces deux Etats, Donald Trump l’avait emporté en 2020 avec respectivement 40 et 17 points d’avance sur Joe Biden. « A un moment où les familles de travailleurs font face à des coûts plus élevés, des soins de santé au logement, nous devons garantir que l’épargne-retraite des habitants du Montana soit la plus solide possible, a expliqué M. Tester. Je m’oppose à cette règle de l’administration Biden parce que je pense qu’elle sape les fonds de pension des travailleurs du Montana et qu’elle est mauvaise pour mon Etat. »
« Aucun avantage sur l’investissement »
La chambre à majorité républicaine ayant déjà voté ce texte, la loi devrait rapidement arriver sur le bureau de Joe Biden, qui a déjà promis d’y mettre son veto. Il s’agirait du premier veto du mandat du président américain. L’exécutif s’efforce de défendre sa réglementation, rappelant qu’elle « n’est pas obligatoire et qu’elle n’impose à aucun gestionnaire d’investir en se fondant uniquement sur des critères ESG ». En fait, l’administration Biden était simplement revenue sur une réglementation adoptée sous Donald Trump et à peine entrée en vigueur, qui rendait très compliqué de proposer des fonds ESG.
Cette politique, consistant notamment à désinvestir les énergies polluantes, s’est révélée délicate à défendre en 2022 : les valeurs technologiques ont dégringolé d’un tiers, les grandes entreprises du SP 500 ont reculé de 20 %. Et seules les entreprises énergétiques ont triomphé, avec une envolée cette année-là de 60 %, sur fond de guerre en Ukraine et d’envolée des prix des hydrocarbures. Bouder ce secteur en 2022 revient à ne pas détenir d’actions Exxon et Chevron, et donc à faire perdre l’argent aux retraités, voire à ne pas respecter son devoir fiduciaire.
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