Tempêtes, inondations ou incendies génèrent des pertes humaines et destructions de biens et d’infrastructures, auxquelles s’ajoutent des dégradations environnementales à long terme, notamment de la qualité de l’eau. Malgré ces bilans, dans les pays avancés, il est difficile de cerner une mobilisation générale des populations des zones exposées sur l’enjeu des émissions de gaz à effet de serre qui accroissent la fréquence et l’intensité de ces catastrophes. Cette atonie pourrait s’expliquer par la nature et l’ampleur des conséquences économiques des catastrophes.
Une très vaste littérature empirique s’est attachée à saisir l’impact des catastrophes pour les économies locales voire nationales. Les résultats sont contrastés, mais certaines conclusions émergent pour les cyclones, inondations, sécheresses ou incendies. L’économie des zones sinistrées des pays en développement est souvent durablement affectée. Dans les pays avancés, non seulement le bilan humain est moins dramatique, mais aussi croissance et emploi semblent bien moins touchés. Les sécheresses prolongées (hors incendie) ne réduiraient significativement que l’activité agricole, sans impact sur la croissance agrégée.
Pour les tempêtes, tornades, inondations ou incendies, la plupart des travaux trouvent une baisse de l’activité dans les jours qui suivent la catastrophe ; cependant, très vite, l’emploi se redresse et la croissance retrouve son rythme antérieur. Cet apparent retour à la normale cache des gagnants et des perdants. Au niveau des individus, seuls les plus sinistrés mal assurés, et les plus pauvres, voient leur situation financière nettement se dégrader.
Engouement des spéculateurs
De même, les conséquences sectorielles sont hétérogènes. Un article de la revue Monthly Labor Review vient ainsi d’évaluer l’impact sur l’emploi des centaines d’incendies majeurs en Californie depuis le début du siècle. Le résultat est intuitif : la stabilité globale de l’emploi est portée par une hausse nette dans le secteur de la (re)construction et celui des services aux entreprises ; à l’opposé, bien que non statistiquement significatif, on note un repli de l’emploi dans les loisirs et le tourisme. Les créations d’emplois dans la construction sont d’autant plus grandes que l’incendie a été destructeur ; elles peuvent ainsi atteindre 10 %, douze à dix-huit mois après la catastrophe.
La résilience de l’économie s’explique par les transferts vers les zones sinistrées. La majorité des destructions matérielles subies par les particuliers et les entreprises sont couvertes par leurs assurances. Ainsi, en France, la déclaration en catastrophe naturelle par le gouvernement (cyclone, inondations, submersion marine, etc.) déclenche la garantie automatiquement prévue dans les contrats d’assurance dommages. Par ailleurs, plus une catastrophe a une visibilité médiatique, plus les niveaux supérieurs de l’Etat, voire supranationaux, viennent soutenir (subventions, facilités fiscales…) le rétablissement des infrastructures, la population et les employeurs.
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