François Lamy : « La ville de demain doit être celle de la mixité, sociale, culturelle, fonctionnelle »

0
27

La politique de la ville est progressivement vidée de sa vitalité et est désormais sortie des radars gouvernementaux. Le comité interministériel sur la politique de la ville n’a plus de date de réunion prévisible. Et la circulaire du 4 avril du ministre délégué à la ville et au logement [Olivier Klein] aux membres du Conseil national des villes ainsi que les récentes annonces d’Elisabeth Borne sur les cent jours n’annoncent que des changements cosmétiques.

La géographie prioritaire va être actualisée, ce que prévoyait déjà la loi, et les contrats de ville vont simplement changer de nom pour s’appeler « Engagements quartiers 2030 », enterrant au passage les propositions du rapport Sicart-Vigouroux commandé par le ministère de la ville ! Et le tout avec trois années de retard (« Pour un Acte II de la politique de la ville. Les quartiers populaires au cœur de notre pacte républicain », Frédéric Vigouroux, Hélène Zannier, Claude Sicart, Agence nationale de la cohésion des territoires, avril 2022).

La politique de la ville a depuis cinquante ans, avec ses moyens limités, réalisé des prouesses avec ses élus, ses militants associatifs, ses professionnels. La rénovation urbaine a amélioré le cadre de vie. Pour autant, la situation profonde des quartiers populaires n’a pas réellement changé. La situation sociale est restée la même et la mixité sociale, un des objectifs de la rénovation urbaine, y est quasi inexistante.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Contrats de ville : Olivier Klein lance un « CNR des quartiers populaires »

Pis, le monde associatif s’est délité, laissant plus de champ aux trafiquants, aux religieux, et parmi eux, parfois, aux plus extrémistes. La politique de la ville panse les plaies, elle ne guérit pas les maladies. Les quartiers prioritaires sont pour la plupart des ghettos physiques, sociologiques ou « ethniques » sur lesquels, en vérité, la République ferme les yeux.

Statistiques d’origine

Il faut donc maintenant que l’Etat change de braquet et engage des politiques structurelles en laissant les acteurs locaux développer les politiques publiques (emploi, santé, sport, etc.) au plus près du terrain, en lien avec les préfets. Voici l’esquisse de ce que pourrait être une stratégie.

D’abord, il faut comprendre. En relançant le débat, et en le réglant, sur les statistiques d’origine. Aucune politique de lutte contre les discriminations que vivent les populations des quartiers ne peut s’exercer si l’on ne reconnaît pas leur composition et les maux spécifiques dont elles sont les victimes.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Quartiers populaires : face aux idées reçues, 31 propositions pour une nouvelle approche

La généralisation de l’expérience menée par RésO Villes sur l’utilisation de la data permettrait également de comprendre les problèmes spécifiques d’accès à l’emploi, aux prestations, aux mobilités, à la santé ou à la formation (« Data & quartiers : le livre blanc. Retour sur trois ans d’expérimentation », Agence nationale de la cohésion des territoires, 2022). Cette association qui cherche à favoriser l’échange entre les acteurs du développement social urbain dans les régions Bretagne et Pays de la Loire a notamment collecté de vastes données sur les distances domicile/offres d’emploi ou sur le non-recours à la complémentaire santé.

Il vous reste 55.35% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici