Entre diffusion classique et usages numériques, la télévision cherche encore son modèle économique

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C’est la quête du Graal des décideurs de la télé : obsédante et interminable. Bousculé par l’apparition du numérique et de ses nouveaux usages depuis les années 2010, le secteur de la télévision classique, dite « linéaire », n’a, après tout ce temps, pas trouvé la recette miracle pour se renouveler et continuer d’exister. Alors que le déclin du temps de visionnage se poursuit (trois heures vingt-six minutes en moyenne par jour en 2022, contre trois heures quarante et une minutes en 2021), la plupart des acteurs du secteur sont toujours à la recherche du modèle idéal.

« Personne dans l’industrie n’a encore trouvé le point d’équilibre car celui-ci change tout le temps, les usages évoluent très vite », reconnaît Henri de Fontaines, responsable de la stratégie et du développement à la direction du groupe M6. La problématique générale est connue : maintenir une identité forte au sein d’une industrie du divertissement inondée par la vidéo, tout en ne perdant pas le fil des nouveaux usages, en particulier des jeunes.

L’enjeu est désormais de prendre en compte tous les modes de visionnage, dès la conception et la production. Dans cette gamme, les programmes avec une marque forte et consommables en épisodes sont privilégiés (l’audience de « Pékin Express », par exemple, est répartie à deux tiers en linéaire et un tiers à la demande). C’est ce qui a convaincu M6 d’investir 30 millions d’euros annuels pour rejoindre ses concurrents dans la production d’un feuilleton de fiction quotidien (comme TF1 avec « Demain nous appartient » ou France Télévisions et « Un si grand soleil »), attendu sur les écrans courant 2024.

« Stratégie du multicanal »

Le groupe RMC, dont la plate-forme RMC BFM Play est la troisième du secteur privé, cherche aussi à améliorer son ratio linéaire/non-linéaire pour suivre « une génération plus jeune qui surconsomme le contenu télévisuel mais ne veut pas prendre rendez-vous sur une chaîne linéaire », selon Stéphane Sallé de Chou, directeur général du pôle divertissement. Avec Sylvain Lévy et Pierre Chabrier, de la chaîne YouTube Vilebrequin, RMC Découverte s’offre cette année des professionnels de la vidéo à emporter pour présenter le programme d’info et de divertissement automobile « Top Gear », l’une de ses émissions phares.

TF1, de son côté, mise sur le même principe de feuilletonnage : alors qu’un documentaire sur le chantier de Notre-Dame doit passer sur la chaîne d’ici à la fin d’année, ce sont cinq épisodes de vingt-six minutes qui seront mis en ligne sur le site et la direction évoque déjà une possible « saison 2 ». L’information, matière pourtant reine du direct et du flux continu, est aussi repensée à la découpe ; la chaîne réfléchit à proposer d’ici à 2024 des vidéos quotidiennes de quatre à cinq minutes en exclusivité numérique, en reconditionnant des rushs non utilisés dans les journaux télévisés ou sur LCI.

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