Malgré une actualité forte nourrie par l’élection présidentielle, la guerre en Ukraine, la Coupe du monde de football au Qatar ou la mort de la reine Elizabeth II, la diffusion de la presse française a continué de baisser en 2022. Dans son ensemble – en additionnant la presse grand public, la presse professionnelle et la presse gratuite –, 2,7 milliards d’exemplaires ont été diffusés sur l’année, soit 7,3 millions d’exemplaires par jour, a fait savoir l’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias (ACPM), jeudi 16 février. Moins que les 3 milliards d’exemplaires, et 8,1 millions diffusés chaque jour, de 2021.
Un recul que l’ACPM justifie par une diminution du nombre de titres contrôlés. La plupart des hebdomadaires n’échappent pourtant pas à ce ralentissement du marché de la presse. En s’attachant à la diffusion France payée (DFP) moyenne de 2022 comparée à celle de 2021, l’hebdomadaire libéral L’Express a décroché de 10,39 %, tandis que le magazine d’extrême droite Valeurs actuelles a, lui, chuté de 8,77 %, et Paris Match de 3,65 %.
Ces chiffres à la baisse n’effraient pourtant pas l’homme d’affaires Alain Weill, qui a repris en 2020 L’Express, le news magazine créé par Jean-Jacques Servan-Schreiber et Françoise Giroud en 1953. Après RMC et BFM-TV, il a voulu un « nouveau challenge » : voilà trois ans qu’il tente de transformer le magazine pour en faire un The Economist français, sur le modèle du très rentable hebdomadaire britannique, qui totalisait 1,1 million d’abonnés en 2022. L’Express revendique aujourd’hui 80 000 abonnés papier et 20 000 numériques, soit 10 000 de moins qu’en janvier 2020 en version imprimée et à peine 1 000 de plus en Web (PDF inclus), auxquels s’ajoutent environ 12 000 exemplaires vendus en kiosques chaque semaine.
« Montée en gamme »
Alors que les annonceurs désertent les journaux, il faut faire des économies : exit la partie « lifestyle » de la fin du magazine. Aussi, la pagination a baissé (passant de 120 à 90 pages), la place des photos a été réduite et la police de caractères resserrée. « Avant de faire un journal pour les annonceurs, il faut faire un journal utile pour les lecteurs », défend Alain Weill, espérant convaincre un nouveau lectorat de « décideurs » économique. Passant le magazine de 4,90 à 6,90 euros en kiosques entre 2020 et 2023, le président de L’Express table sur une montée en gamme « éditoriale » pour convaincre et être rentable en 2024.
Si les journalistes de Valeurs actuelles, eux, sont régulièrement invités sur la chaîne CNews, ce n’est pour autant pas facile en kiosque pour leur hebdomadaire. Geoffroy Lejeune, le directeur de la rédaction, concède une baisse tendancielle des ventes, qui « oscillent entre 11 500 et 14 500 en fonction des numéros ». Le trentenaire, qui a tout de même mis Eric Zemmour en « une » du magazine à sept reprises pendant la campagne présidentielle, estime que cela « n’a pas boosté les ventes ». « Sauf avant qu’il ne se déclare candidat », glisse-t-il.
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