En Corée du Sud, Kakao, roi local du Web, dévoile des ambitions mondiales et cherche à acquérir une pépite de la K-pop

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Business, stars, et psychodrame familial… Le rachat de SM Entertainment tient toute la Corée du Sud en haleine, allant même jusqu’à provoquer un début de spéculation boursière. Les valeurs du secteur de « production de contenu » ont en effet progressé de 14 % depuis le début de l’année à la Bourse de Séoul. Une attractivité largement due à la bataille qui oppose Kakao, géant de la tech et du Web, à l’agence de K-pop Hybe pour le contrôle d’une autre agence de K-pop, SM Entertainment.

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Hybe, à l’origine du groupe BTS, a ouvert les hostilités en février avec une offre sur l’agence gérant Girls’Generation, Red Velvet ou encore EXO, afin d’élever sa participation à 25 % du groupe.

Kakao, et sa filiale spécialisée dans les contenus Kakao Entertainment, ont répliqué le 7 mars en annonçant vouloir s’emparer de 40 % de l’agence. Et Hybe pourrait renchérir. L’affaire passionne car elle oppose aussi le fondateur de SM Entertainment, Lee Soo-man, favorable à Hybe, et son neveu Chris Lee, actuel PDG de l’agence, qui privilégie Kakao. L’affrontement est tel que Chris Lee a diffusé une vidéo dans laquelle il accuse son oncle d’évasion fiscale.

L’engouement pour SM traduit aussi l’intérêt financier que suscite la K-pop, « l’un des secteurs à la croissance la plus rapide, avec des fans parmi plus engagés et les plus dépensiers », observe Helena Kosinski, vice-présidente du spécialiste des données musicales Luminate, sur le site spécialisé Quartz. Aux Etats-Unis, la K-pop a vu ses écoutes en streaming bondir de 51 % entre 2019 et 2021, alors que le marché américain ne progressait que de 32 %.

Messagerie instantanée

Pour Hybe, qui prend le risque de se faire retoquer par l’Agence de supervision financière en raison d’une possible situation de monopole, il s’agit de diversifier ses sources de revenus, trop dépendantes de BTS, en pause jusqu’en 2025 à cause du service militaire obligatoire de ses membres.

Kakao veut de son côté « créer d’importantes synergies pour renforcer la compétitivité et la présence de la culture coréenne au niveau mondial ». En cas de succès, l’opération en ferait « la seule société sud-coréenne de divertissement d’envergure mondiale », estime Kim Hyun-yong, analyste chez Hyundai Motor Securities.

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Créé en 2006 par Kim Beom-soo, Kakao s’est imposé en Corée du Sud grâce à une vaste gamme de services, ajoutés à la messagerie instantanée KakaoTalk, lancée en 2010 et aujourd’hui installée sur plus de 90 % des smartphones locaux. L’entreprise possède aussi Daum, le navigateur rival de Naver, et son populaire service de réservations de taxi, Kakao Taxi. Elle a été la première à créer une banque en ligne, Kakao Bank, lancée en 2017.

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