Afin de répondre à la surproduction de vin en Gironde et d’aider à la reconversion des viticulteurs, le ministère de l’agriculture et la région Nouvelle-Aquitaine ont lancé, le 5 juin, dans ce département un plan d’arrachage de vignes contre une aide financière. Les candidats ont jusqu’à la fin du mois de septembre pour présenter un dossier, pour des opérations qui débuteront à l’automne, après les vendanges. Les premières indemnisations – 6 000 euros à l’hectare – sont attendues fin 2023.
Les viticulteurs ont le choix entre deux dispositifs d’arrachage, pour une surface totale prévue de 9 500 hectares. Celui de l’Etat, doté de 38 millions d’euros, oblige le vigneron à laisser sa terre en jachère pendant vingt ans ou à la reboiser. Celui de la région et du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB), d’un montant de 19 millions d’euros, implique que le vigneron remplace la vigne par une autre activité agricole : culture céréalière, élevage…
Première « surprise », confie Bernard Farges, vice-président du CIVB : les candidats sont déjà très nombreux, soit un millier, ce qui dit l’ampleur des difficultés du vignoble bordelais. La plupart proposent un arrachage partiel (un tiers seulement veut se retirer du vin) et commercialisent des bouteilles à un prix inférieur à 10 euros – à l’opposé des cent ou deux cents domaines prestigieux. « Ces propriétés se trouvent d’abord dans la zone de l’Entre-deux-Mers, puis dans les Côtes, dans le secteur du Blayais, du Libournais, mais aussi autour de Cadillac et de Langon », détaille Bernard Farges.
« Il faudrait plus de souplesse »
Le nombre élevé de candidats à l’arrachage soulève plusieurs difficultés. Ils représentent en effet déjà 9 300 hectares, et il est probable que, d’ici à quelques semaines, d’autres suivront, pour une surface totale à arracher qui dépassera alors largement l’objectif fixé. Dans ce cas, les premiers inscrits seront prioritaires. Pour les retardataires, ce sera l’incertitude. Autre problème : si 50 % des demandeurs veulent reboiser, quand l’autre moitié souhaite se diversifier, le plan d’indemnisation privilégie largement les premiers.
Didier Cousiney, porte-parole du collectif Viti 33, déplore un dispositif insuffisant et inadapté. Il demande un élargissement à 15 000 hectares et le libre choix pour les viticulteurs entre la jachère et la diversification. Il souhaite également que la prime passe de 6 000 à 10 000 euros par hectare arraché et que les enveloppes de la région et de l’Etat soient rééquilibrées. « On ne critique pas tout, explique-t-il, mais il faudrait plus de souplesse et avoir une enveloppe plus importante, sinon les premiers arrivés seront les premiers servis, et beaucoup ne toucheront pas 6 000 euros par hectare. »
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