Un nuage d’incertitude semblait alourdir l’atmosphère de la grande conférence de l’industrie automobile britannique consacrée à la transition électrique, organisée lundi 18 septembre à Londres. Coincés entre les Etats-Unis et la Chine, qui subventionnent massivement, et l’Union européenne (UE), qui prépare sa riposte et envisage d’imposer des droits de douane sur les importations chinoises, les constructeurs implantés au Royaume-Uni font face à des difficultés majeures.
« La Chine a décidé d’être à la pointe de l’électrification des véhicules, avec une politique très active, les Etats-Unis suivent avec l’Inflation Reduction Act [qui subventionne les véhicules électriques]. Veut-on veut se contenter de suivre ? » s’inquiète James Widmer, le directeur d’Avanced Electric Machines, un fabricant de moteurs électriques.
Certes, plusieurs investissements en faveur de la transition électrique ont été annoncés en 2023. BMW va injecter 600 millions de livres (696 millions d’euros) pour produire la Mini électrique à Oxford, revenant sur sa décision initiale de tout construire en Chine. Nissan développe avec le chinois AESC une gigafactory à Sunderland, dans le nord-est de l’Angleterre.
Pression
De son côté, Tata investit 4 milliards de livres dans une autre gigafactory. « Mais c’est insuffisant », avertit Mike Hawes, le directeur de la Society of Motors Manufacturers and Traders (SMMT), l’organisme représentant le secteur. « Nous attendons une stratégie industrielle de la part du gouvernement britannique », déclare-t-il. D’autant que plusieurs problèmes sérieux nécessitent une solution urgente.
Le premier, immédiat, est une suite directe du Brexit. Londres et Bruxelles négocient actuellement de nouvelles règles sur le commerce de batteries. S’ils ne parviennent pas à s’entendre, des droits de douane de 10 % seront imposés sur les véhicules électriques.
Fin 2020, l’accord sur le Brexit avait permis d’exempter de droits de douane les ventes de voitures entre l’UE et le Royaume-Uni, mais à condition qu’au moins 40 % des pièces détachées soient fabriquées sur place. A partir de 2024, ces règles se durciront, passant à 45 %, et surtout à 60 % pour les batteries. Or, l’immense majorité des constructeurs ne respectent pas ce niveau.
L’industrie automobile se veut confiante. Faute d’accord, les droits de douane seraient imposés aux voitures fabriquées au Royaume-Uni et exportées dans l’UE (750 000 véhicules en 2022), mais aussi à celles fabriquées dans l’UE et importées au Royaume-Uni (1,3 million de véhicules en 2022). Les constructeurs européens font, eux aussi, pression pour trouver un accord. « Tout ce qui rend les véhicules plus cher est un souci », souligne Alex Smith, le patron de Volkswagen au Royaume-Uni, qui possède 20 % de parts de marché dans ce pays.
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