Peut-être que la crise bancaire qui agite les marchés depuis plus d’un mois sera vite oubliée, jusqu’à la prochaine. Les sources de déséquilibre ne manquent pas après cette longue période d’argent gratuit. Pourtant, des solutions existent pour éviter que se rejoue régulièrement la spirale de la peur, génératrice de mauvais arbitrages. Les analystes des marchés ont été tout autant surpris par l’arrivée soudaine de la crise bancaire que par la rapidité de la réaction coordonnée des banques centrales pour garantir l’accès à la liquidité.
Les leçons de la crise de 2008 semblent avoir été retenues : une banque peut mourir en bonne santé si la défiance des marchés l’empêche de se refinancer. Après la grande crise de 2008, l’Europe avait montré la voie pour maîtriser la montée des risques bancaires. Elle a été le fer de lance d’une plus forte régulation, alors que Donald Trump, lui, dérégulait les banques régionales américaines en 2017.
L’Europe a mis en place un mécanisme de résolution des crises pour responsabiliser le système bancaire européen et limiter l’aléa moral. Surtout, elle a chargé la Banque centrale européenne (BCE) de le superviser, afin de prévenir au maximum la survenance de crises et forcer les banques à mieux connaître les risques inhérents à leurs activités.
Renforcer le Comité de Bâle
Au final, les fonds propres des banques européennes ont plus que doublé depuis 2010, et leur niveau de liquidité est au plus haut avec des actifs diversifiés : alors que le portefeuille obligataire représentait 80 % des actifs de la Silicon Valley Bank (SVB), raison de son fiasco, il n’est que de 20 % pour les banques européennes. Reste encore beaucoup à faire.
Le Comité de Bâle, qui édicte les règles de prévention des risques et de supervision des banques au niveau mondial, ne devrait-il pas élargir ses attributions au contrôle de leur mise en application, les décalages de mise en œuvre entre pays étant une forte source d’instabilité et de distorsion de concurrence ? De même, la supervision devrait être étendue à la réinterrogation permanente de l’utilité des services et des produits financiers pour l’économie réelle. Les plus complexes ou les plus volatiles d’entre eux devraient faire l’objet de simulations spécifiques sur le modèle des stress tests.
Des questions de fonds qui subsistent
Est-il acceptable, par exemple, que les credit default swaps (CDS), censés être des contrats d’assurance pour se couvrir d’un défaut de remboursement d’une obligation d’entreprise ou d’Etat, puissent être achetés sans détenir l’obligation assurée ? Cette possibilité a fait des échanges de CDS un marché hautement spéculatif, puissant vecteur de contagion de l’irrationalité. Ne faudrait-il pas rendre obligatoire le rattachement du CDS au sous-jacent assuré, voire supprimer les CDS ?
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