Il est des jours où l’on peut se faire des dizaines d’amis en leur annonçant qu’ils ont gagné le gros lot, mais encore plus de déçus. Au cours du 76e Festival de Cannes, la ministre de la culture, Rima AbdulMalak, a dévoilé, vendredi 19 mai, la liste des 68 lauréats sur les 175 candidats qui concouraient à « La Grande Fabrique de l’image », un appel à projets inédit de France 2030 doté de 350 millions d’euros.
Organisé pour le compte de l’Etat par la Caisse des dépôts et le Centre national du cinéma et de l’image animée, son ambition consiste, selon la ministre, à « faire de la France un leader des tournages, de la production de film, série et jeu vidéo, de la post-production et de la formation aux métiers du cinéma et de l’audiovisuel ». Au total, onze studios de tournage, douze studios d’animation, six studios de jeu vidéo, cinq studios d’effets spéciaux et post-production et trente-quatre organismes de formation seront financièrement aidés.
Faute d’investissements massifs, l’Hexagone, comparé à ses voisins, a accumulé un sérieux retard dans les capacités de tournage. Elles culminent à 360 000 mètres carrés au Royaume-Uni (avec Pinewood, Warner/Leavesden et Shepperton, où s’enchaînent les productions hollywoodiennes et de Netflix). L’Allemagne compte 156 000 mètres carrés de studios, dont Babelsberg, MMC et Bavaria Studios, devant la Hongrie (62 000 mètres carrés). La France n’arrive qu’en quatrième position (58 000 mètres carrés).
Surtout, depuis 2020, des investissements massifs ont été consacrés à ce secteur outre-Manche, où 2 milliards de livres (2,3 milliards d’euros) ont permis l’extension des studios existants et la construction de nouvelles infrastructures. En Italie aussi, le mythique studio de Cinecitta, où Federico Fellini a tourné pendant plus de vingt ans, a reçu 300 millions d’euros de l’Union européenne pour s’agrandir et s’adapter aux nouvelles technologies.
« Nouvel âge d’or »
En France, les 23 studios existants affichent des carnets de commandes pleins et les capacités de tournage doivent urgemment augmenter pour faire face à l’explosion de la demande, tant pour les films que pour les programmes audiovisuels. Ce « nouvel âge d’or », d’après Rima Abdul Malak, témoigne d’« une grande vitalité de la production, qui pourrait doubler d’ici à 2030 ».
Concrètement, « l’objectif, avec La Fabrique de l’image, est de plus que doubler la surface des plateaux des studios de tournage, pour passer à 153 000 mètres carrés et arriver en tête en Europe d’ici à 2030 [et numéro deux après le Royaume-Uni] », a précisé la ministre. Elle veut aussi multiplier par quatre la surface des décors extérieurs permanents (décors de façade d’immeuble, de rue, de gare…), pour atteindre 187 000 mètres carrés.
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