A moins d’une semaine de son assemblée générale annuelle, mardi 16 mai au Carrousel du Louvre, à Paris, BNP Paribas a présenté, jeudi 11 mai, de nouveaux objectifs en matière de transition énergétique qui satisfont l’une des demandes que les organisations non gouvernementales de défense de l’environnement entendent défendre à cette occasion.
La première banque française arrête ainsi définitivement, et avec effet immédiat, tout financement affecté au développement de nouveaux champs pétroliers ou gaziers.
Or c’est entre autres pour obtenir cet arrêt que trois ONG (Oxfam, Les Amis de la Terre et Notre affaire à tous) avaient mis en demeure le groupe dirigé par Jean-Laurent Bonnafé en novembre 2022, puis l’avaient assigné en justice en février pour non-respect de son devoir de vigilance, en lui réclamant l’arrêt immédiat de tout soutien financier aux entreprises qui développent des nouveaux projets d’énergies fossiles.
Rôle d’aiguillon
S’il se refuse à tout commentaire sur l’issue de la procédure judiciaire qui vise la banque, Antoine Sire, son directeur de l’engagement d’entreprise, reconnaît à demi-mot que la pression exercée sur le groupe a joué un rôle d’aiguillon. « Il est certain que l’action des ONG est l’une des manières par lesquelles se manifeste l’opinion de la société civile », dit-il.
« Il y a un débat extrêmement vif sur le financement du secteur pétro-gazier par les banques, qui s’est traduit en France par la fameuse mise en demeure, mais le débat est très vif également aux Pays-Bas et en Angleterre, en touchant d’ailleurs à chaque fois des banques déjà engagées dans une trajectoire de réduction », ajoute-t-il.
Les annonces de jeudi ne suffisent cependant pas à faire taire les critiques : si les ONG à l’initiative de la mise en demeure lui reconnaissent « un petit pas », elles jugent trop faibles les nouvelles mesures.
« Sur la première marche d’un long escalier »
« BNP fait mine de s’atteler au pressant enjeu de l’expansion des pétroles et gaz, mais elle pose seulement le pied sur la première marche d’un long escalier », réagit Lorette Philippot, chargée de campagne aux Amis de la Terre. De son côté, Reclaim Finance salue les « précisions » apportées par la banque mais juge que celle-ci doit « aller jusqu’au bout de la démarche engagée en exigeant de ses clients l’arrêt du développement de projets qu’elle-même n’entend plus financer directement ».
Selon le rapport annuel « Banking on Climate Chaos » publié en avril par un groupe d’ONG, BNP Paribas a financé l’expansion du secteur des énergies fossiles à hauteur de 5,5 milliards de dollars en 2022 (5 milliards d’euros), un montant contesté par la banque.
Il vous reste 37.49% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.