Ils ont ce petit air que donne la certitude d’avoir compris avant tout le monde. Non pas que les détenteurs de vélo pliant triomphent. « On se demande juste pourquoi les autres n’adoptent pas cette solution géniale », reconnaît Julien de Labaca, fondateur du cabinet Le facilitateur de mobilité. Ce consultant résidant à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) s’est équipé, il y a déjà onze ans, d’un Brompton, ancêtre et toujours star des vélos pliables, dont un million d’exemplaires ont été fabriqués en Angleterre depuis une quarantaine d’années. « Honnêtement, confie-t-il, quand je monte dans le TGV ou que j’en redescends avec mon Brompton, c’est assez jouissif. Tellement efficace pour vivre sans la voiture ! »
Pour peu qu’il se conforme au format maximal réglementaire (130 × 90 centimètres), le vélo plié est considéré comme un bagage à main par les autorités ferroviaires. Il embarque ainsi dans tous les trains, en toute saison, sans réservation ni paiement – même dans les RER aux heures de pointe. De quoi convertir à l’origami métallique bien des traumatisés de l’intermodalité, restés à quai avec leur vélo ou stressés par son démontage hâtif.
Claire-Marine Javary, de la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB), observe la multiplication des petits cycles dans les rames : « Ils offrent le bon compromis entre demande croissante d’emport de vélos et contraintes d’exploitation. Et ils facilitent vraiment la vie des usagers. Un vélo classique doit être démonté en amont du quai. Un pliant, lui, peut être poussé avec ses sacoches jusqu’à la porte du train. » Stein van Oosteren ne s’en prive pas. Ce diplomate franco-néerlandais, auteur de 50 bonnes raisons de faire du vélo (illustré par Clod, Makisapa, 116 pages, 14 euros), adore percher ses deux mètres sur son mini-vélo : « J’ai la certitude absolue d’embarquer avec mon vélo, je connais mon heure d’arrivée, toute anxiété est éliminée… Quel plaisir d’arriver en train à Paris, de déplier mon taxi portable, de passer devant la file d’attente ! Mon Brompton, ce sont mes ailes que je déploie en cinq secondes, libre comme l’albatros ! »
Conversions à tour de pédale
Les adeptes du vélo de poche sont coutumiers du lyrisme. Ils ne reprochent qu’une chose à leur monture : susciter la convoitise, donc les vols. Tels des évangélisateurs, ils convertissent à tour de pédale, ne résistant jamais au plaisir de l’explication, voire de la démonstration du plié-déplié express. « Entre nous, on en plaisante, on a tous vendu des dizaines de Brompton ! », assure Olivier Pesret, 38 ans, qui prend le TGV à Angoulême, pour gagner son bureau parisien en embarquant son « moyen de locomotion bas carbone ».
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