Aux Etats-Unis, le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, repart à l’assaut de l’inflation

0
9

L’Amérique croyait avoir vaincu l’inflation et le patron de la Réserve fédérale américaine (Fed, banque centrale), Jerome Powell, avait prononcé à de nombreuses reprises le mot « désinflation » lors de sa conférence de presse du 1er février.

C’est raté, ou du moins reporté, comme en attestent de nombreux indices économiques indiquant une surchauffe économique persistante. Jerome Powell en a tiré les conséquences lors de son audition devant le Congrès des Etats-Unis, mardi 7 mars : il va remonter ses taux plus fortement, plus haut et plus longtemps que prévu. Une hausse d’un demi-point est ainsi clairement sur la table et devrait être décidée à l’issue de la réunion du comité de politique monétaire de la Fed le 22 mars, contre un quart envisagé jusqu’à présent.

« Les données économiques sont plus fortes que prévu, ce qui suggère que le niveau ultime des taux d’intérêt sera probablement plus élevé que prévu, a déclaré M. Powell dans son propos liminaire. Si la totalité des données devait indiquer qu’un resserrement plus rapide est justifié, nous serions prêts à accélérer le rythme des hausses de taux. »

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Biden reconduit Jerome Powell à la tête de la Fed pour lutter contre l’inflation

Il s’agit de la troisième volte-face majeure de M. Powell. Il avait déjà changé brutalement de direction début 2019, lorsqu’il avait arrêté de remonter ses taux à la suite de la débâcle de Wall Street et à l’automne 2021 lorsque, en attente de son renouvellement pour un second mandat par Joe Biden, il avait déclaré que l’inflation était provisoire.

Il avait fallu attendre mars 2022 pour que la Fed se lance dans une politique de remontée brutale des taux, les augmentant à quatre reprises de 0,75 point, d’un demi-point en décembre 2022 puis d’un quart de point en février de cette année. Ces décisions avaient conduit l’institution à faire passer ses taux directeurs fixés à zéro depuis la pandémie de Covid-19 à plus de 4,5 % en un an. Les opérateurs pensaient que la purge était passée, que les hausses à venir seraient minimes et que le loyer de l’argent plafonnerait finalement légèrement au-dessus de 5 %. Surtout, Wall Street pariait que la Fed serait forcée de baisser ses taux dès 2023 pour éviter une récession.

Boom du marché du travail en janvier

Cette lecture appartient désormais au passé ; elle a été battue en brèche par la reprise de l’inflation et par les chiffres incroyables du marché du travail, qui conduisent les marchés à anticiper des taux directeurs supérieurs à 5,5 %.

Les Etats-Unis ont créé en janvier 537 000 emplois, deux fois plus qu’attendu, avec un taux de chômage de 3,4 % de la population active, au plus bas depuis la fin des années 1960. Les licenciements dans la tech, dans la banque et le conseil ne sauraient masquer la pénurie de main-d’œuvre dans les services à la personne – restauration hôtellerie, tourisme, santé.

Il vous reste 51.93% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici