Au Crédit mutuel, la réconciliation est signée, après une décennie de discorde

0
16

C’est la fin d’un conflit fratricide de près de dix ans, durant lesquels il a souvent été difficile de démêler ce qui relevait des velléités d’autonomie, des revendications régionales et des ambitions personnelles. Le conseil d’administration de la Confédération nationale du Crédit mutuel a approuvé à l’unanimité, mercredi 3 mai, un « protocole d’accord politique » qui acte l’abandon du projet d’indépendance d’Arkéa, l’ensemble réunissant les fédérations de Bretagne et du Sud-Ouest.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Au Crédit mutuel, Arkéa mène « une guerre d’usure » pour son indépendance

Le groupe, qui revendique plus de 36 millions de clients et la meilleure solidité financière des banques françaises, assure ainsi sa cohésion, à l’heure où le secteur reste exposé aux tensions créées par la faillite, en mars, de la Silicon Valley Bank (SVB) aux Etats-Unis et le rachat en urgence de Credit Suisse par UBS.

Le Crédit mutuel revient de loin : les premières tensions étaient apparues en 2014, Arkéa contestant un projet de réforme des structures du groupe dans lequel il voyait une démarche « centralisatrice » favorisant la branche établie à Strasbourg, CM11-CIC, devenue Crédit Mutuel Alliance Fédérale.

Procédures judiciaires

Implanté au Relecq-Kerhuon, dans le Finistère, Arkéa, qui pèse environ 15 % des activités de l’ensemble, défendait au contraire une cohabitation entre deux groupes « autonomes et concurrents », prônant pour sa part un modèle d’ETI (entreprise de taille intermédiaire) de la finance. Inacceptable pour Michel Lucas, le président de la confédération à l’époque, qui dénonçait une démarche de « sécession ».

Face à M. Lucas, la fronde était menée par Jean-Pierre Denis, ex-secrétaire général adjoint de l’Elysée sous la présidence de Jacques Chirac devenu président d’Arkéa. Au fil des ans, tout en orchestrant le développement d’Arkéa, il avait multiplié les procédures judiciaires, allant jusqu’à contester en vain, devant la Cour de justice européenne, le choix de la Banque centrale européenne (BCE) de considérer le Crédit mutuel comme un groupe unique.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Arkéa chiffre le prix de sa rupture avec le Crédit Mutuel

Mobilisant ses salariés, ses clients et les pouvoirs publics locaux, Arkéa, qui emploie plus de 11 000 personnes, dont 7 000 en Bretagne, avait aussi brandi l’argument de la préservation de l’emploi local, réunissant plus de 10 000 manifestants dans les rues de Brest, en janvier 2016.

Ni l’arrivée de Nicolas Théry à la tête du groupe en remplacement de Michel Lucas, ni le choix du Crédit mutuel du Massif central de quitter Arkéa pour la branche rivale n’avaient suffi à décourager le groupe breton : en 2018, il avait engagé formellement une procédure de divorce et 5 000 de ses salariés avaient manifesté sous les fenêtres du ministère des finances à Bercy pour réclamer une nouvelle loi facilitant la scission.

Il vous reste 40.99% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici