samedi, juin 22

La rue, avant les urnes. Des Français, unis, qui manifestent, samedi 15 juin, pour tenter de refouler une lame de fond électorale qui s’apprête à propulser l’extrême droite au pouvoir, pour la première fois depuis l’avènement de la Ve République. C’est bien à un rendez-vous avec l’histoire auxquels ont voulu se rendre des milliers de manifestants partout en France. Marseille, Strasbourg, Bayonne, Toulon, Nancy, Reims, Rennes, Clermont-Ferrand, Nantes, Valenciennes… 250 000 personnes, selon la police, 182 rassemblements dans tout le pays ont été recensés par la CGT, qui avait appelé à manifester contre l’extrême droite avec quatre autres syndicats, plusieurs associations et les partis de gauche. Si la majeure partie des rassemblements se sont tenus dans le calme, quelques confrontations ont donné lieu à 20 interpellations en France dont 9 à Paris et 16 gardes à vue au niveau national dont 5 à Paris.

Beaucoup de monde, des jeunes, des familles avec enfants, des retraités, minés, ou animés, c’est selon, par une double sensation lancinante. Entre vertige de l’après 7 juillet, date du second tour des élections législatives anticipées, et volonté inextinguible de se battre jusqu’au bout. Ne serait-ce plutôt avec la dernière énergie du désespoir, tant le scénario semble écrit ? « Je ne crois pas que la gauche puisse gagner ces élections, mais elle peut empêcher le RN d’avoir une majorité. Ça peut être le début de quelque chose », avance Laurent Dolias. Est-ce vraiment le sentiment dominant ? « Faire rempart ! », « Ce n’est pas fini ! », hurlent beaucoup d’autres. En tout cas, à 54 ans, ce professeur d’histoire-géographie d’Aix-en-Provence est venu à Marseille afin de « pouvoir s’exprimer et ne pas se sentir tout seul. »

« S’il vous plaît, soyez à la hauteur »

Dans le défilé festif et dense qui est parti du Vieux-Port de Marseille en tout début d’après-midi et qui réunit plusieurs milliers de personnes, Axelle Beaumont, 27 ans, remonte le flot brandissant une pancarte faite maison : « La jeunesse emmerde le Front national ». « Révulsée par la peur du passage au pouvoir » du RN, « qui sera capable de laisser les réfugiés climatiques mourir à nos portes », la jeune femme a accueilli la constitution du Nouveau Front populaire « avec joie. Toutes les valeurs des gauches sociales se rejoignent aujourd’hui et on sait que, si on met les ego politiques de côté, ça peut fonctionner. Mais la Nupes avait échoué, alors on reste prudents. »

A gauche, Laurent Dolias et Virginie Pigeard, professeurs. A droite, Axelle Beaumont 27 ans, employée de crèche.

Depuis la dissolution à déflagration multiple décidée par Emmanuel Macron, tout ce monde veut encore croire au sursaut. « Meloni, Trump, Bardalla. Sortez-moi de là ! » proclame le carton tendu par Mélanie, 26 ans, à Strasbourg, où la maire écologiste, Jeanne Barseghian, a lancé la manifestation par un : « face à la mise en péril des droits humains, nous ne lâcherons rien ! » « Je marche pour faire nombre, poursuit Mélanie. Pour montrer qu’on est présent pour le Nouveau Front populaire et leur dire aussi à eux : “s’il vous plaît, soyez à la hauteur.” »

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